Ezra Furman - The Bowery Ballroom (2018)
Crédit :
© Margaux N.
Date et lieu :
The Bowery Ballroom, New York City – 07 mars 2018
Livre report :
Les USA forment un pays de contraste absolu. Ce n'est pas une nouveauté mais quand on le vit « In Real Life », ça vous saute aux yeux plus vite que les quelques secondes que mettrait Christine Boutin à dégainer sa bible à un Festival de Métal LGBT.
Dans ce pays, on peut parfaitement, à 17 ans, conduire un bolide de 500 chevaux, et on peut encore plus facilement, au même âge, acheter un fusil mitrailleur capable de zigouiller la moitié de la population de l'Alabama en 4 minutes et 27 secondes ! (Heureusement, ça n'arrive jamais...)
Mais, mais, mais, on ne peut pas aller voir un concert de rock avant 18 ans (dans le meilleur des cas) voire 21 ans si jamais - vadé-retro Putanas - le groupe a le malheur de sortir les fameuses « Explicit lyrics », genre qui commence à « Oh my fucking God » et qui va jusqu'à des extrêmes comme « I'm not a Donald Trump's Superfan ».
Bon, heureusement pour mon engeance, Ezra Furman est juste un peu Queer, donc c'est 18 ans autorisés !
The Bowery Ballroom, cette petite salle New-Yorkaise du Lower East Side, est juste un petit joyau au milieu de la folie démesurée de la Grosse Pomme : 600 places à tout casser, mais quel écrin ! Salle Indie rock par excellence, programmation pointue et acoustique parfaite, on en salive déjà. Et savoir que des grosses pointures telles qu'Arcade Fire, les Foo Fighters, les Guns ou même le grand Bruce y viennent avec plaisir et toute simplicité ne fait que rajouter à notre excitation du moment !
Prévoyant, on a pris la précaution d'acheter notre billet quelques semaines en avance (15 $ ! le porte-monnaie rigole pour une fois). Pour s'y rendre, on a du comprendre le décidément curieux métro New-Yorkais, affronter une tempête de neige (véridique), demander son chemin à de joyeux locaux (véritablement sympas les New-Yorkais !), montrer sa carte d'identité à l'entrée pour, au final, avoir le droit de descendre dans un petit escalier semblant mener tout droit aux Enfers. Mais si l'Enfer ressemble à çà, alors, adieu Paradis !
On se retrouve ainsi dans un bar hyper cosy à l'ambiance chaleureuse qui ne donne qu'une envie ; prendre un verre (8$ la pinte d'une excellente bière artisanale de Brooklyn, pourquoi ne pas se faire plaisir !) et profiter de l'endroit.
Mais, pas le temps de s'endormir, les premiers accords de la première partie retentissent. On monte alors d'un étage pour gagner la salle de bal, un ancien théâtre construit dans les années 20 au siècle dernier. Point de sièges évidemment dans cette salle mais ils ont gardé un balcon à l'étage supérieur (et un joli comptoir avec vue, au loin sur l'Empire State Building...magique !) que l'on gagne, curieux de voir l'ensemble d'en haut : bonne pioche, on trouve un petit coin qui nous offre une superbe vue sur la scène. Anne Burch, sorte de nouvelle Suzanne Vega, assure son petit set avec talent et nous donne une idée, justement, de l'excellente acoustique de l'endroit.
Arrive alors Ezra Furman et sa bande : les musiciens, tout de blanc vêtus contrastent avec leur leader, collants noirs et petite robe rose à fleurs. Mais ne vous fiez pas à l'apparence (les contrastes encore une fois), Ezra Furman habille son élégante écriture d'une rage musicale que n'aurait pas reniée un Joe Strummer ! Et pour le coup, l'entrée est fracassante, quasi punk avec un retentissant « I Wanna Destroy Myself » suivi de « Mascharino-Red Dress $8,99 at Goddwill » dans le même esprit ! On jubile !
Les garçons calment à peine le jeu avec « Haunted Head ». Ezra, Telecaster à la main, est absolument charismatique et capte toute l'attention : sa voix, tour à tour hurlante ou d'une douceur incroyable donne toute son émotion dans un morceau comme « Driving down to LA ».
Notre Queer préféré est, de plus, doté d'un solide sens de l'humour et de la répartie : n'hésitant pas à répondre très drôlement au très taquin public New-Yorkais. Ambiance vraiment très cool ! On est aux Anges !
D'ailleurs, ils joueront une grande partie de leur dernier et excellent album « Transangelic Exodus », mais dans une version survitaminée. En guise de rappel, Ezra Furman revient seul sur scène, pour jouer une poignante version, seul à la guitare, de « Day of the Dog » d'où ressortent plus que jamais ses déchirures et ses références (sans copie) aux Lou Reed et autre Tom Waits. On a connu pire comme modèles... Le final, endiablé comme il se doit, entraîne encore le public dans un dernier rock 'n roll des familles (« Tell Em All To Go To Hell ») pour nous laisser pantois et juste heureux sur le parquet quasi-centenaire du Bowery Ballroom. Chapeau l'artiste !
Les pieds dans la neige (Quoi ? ça pèle !?, on s'en contre-tamponne mais alors d'une force...) : le sourire aux lèvres, les yeux dans les étoiles, on regagne l’hôtel, c'était juste parfait !
Lanig
Setlist :
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