Joseph Arthur - Mc Cabe's Guitar Shop - 15.08.2015 (2015)
Date et lieu :
Mc Cabe’s Guitar Shop, Santa Monica, Los Angeles – 15 août 2015
Live report :
Los Angeles... Ville bien étrange, où décontraction le jour et insécurité la nuit se côtoient, où la coolitude masque une certaine déchéance, où le luxe étouffe la misère. Où le danger fascine. Los Angeles ne se livre pas facilement, LA n'est pas un musée à ciel ouvert, c'est un mode de vie. Une ville qui ne ressemble à aucune autre.
Et pourtant, la tension et l'héritage rock n' roll sont toujours bien présents. Une peinture de Jim Morrison veille sur Venice Beach, des nanas portent des t-shirt de Guns N' Roses et Motley Crüe, les tatouages envahissent les corps et les clubs du Sunset Boulevard (Roxy, Whisky A Go-Go) sont on ne peut plus mythiques.
Et puis, loin de tout ça, il y a le Mc Cabe's Guitar Shop... Magasin d'instruments aux atours un peu roots et salle de concert - non moins culte - à l'arrière, à peine une centaine de chaises. Ici on boit du café ou du thé Messieurs-Dames, on éteint son portable et on écoute religieusement. Jeff Buckley y a joué, Roy Buchanan, JJ Cale, Richie Havens, Ray Manzarek et Les Paul aussi.
Ce soir c'est Joseph Arthur qui vient roder sa nouvelle tournée pour accompagner la sortie de son prochain album en ... cassette ! Décalé le mec. Entouré d'une violoniste, d'un pianiste-accordéoniste et d'une choriste, le grand gaillard chausse sa guitare et arme ses pédales. Sur scène, le folkeux songwriter devient un bricolo-arrangeur fou. Il prend le temps de construire ses morceaux en créant des intros, des rythmiques et des ambiances grâce à ses pédales à effet répétition. Il travestit ses propres chansons et n'en recrache que les airs et les paroles. Il prend le temps de recommencer quand il n'est pas satisfait, de stopper son groupe pour repartir à zéro... Il est dans son monde et pourtant il communique beaucoup avec l'auditoire composé de quelques pépettes à paillettes (on est à Santa Monica…) mais majoritairement de fidèles grisonnants du coin, des gars qui ont de la bouteille. Guitare électrique en main, il n'hésite pas à monter en puissance, à se lancer dans quelques cavalcades solistes, à laisser parler une âme foncièrement rock & roll. Son groupe doit continuellement veiller à suivre ce foutoir bien orchestré, entre setlist calé et jam improvisé... Vers la fin de concert, il jouera un morceau demandé par une jeune femme dans la salle. Autre fait notoire, Joseph Arthur lâche parfois sa guitare et se met à peindre tout en chantant... il finira son tableau avant la fin du concert. Conclusion forcément applaudie, le groupe entame une reprise très personnelle et retravaillée du « Walk On The Wide Side » de Lou Reed.
Après une accolade et quelques mots simplement échangés avec lui, je repars presque jaloux d'un tel endroit... Jaloux mais chanceux. Terriblement chanceux.
Jean