Mike Bloomfield - Mike Bloomfield
Très méconnu en Europe Mike Bloomfield fait partie des grands guitaristes qui, comme Eric Clapton, marquèrent de leur inventivité l'histoire du Rock et en changèrent définitivement le cours.
Malheureusement pour lui, bouffé de l'intérieur par ses démons et la drogue, dévoré par une passion pour le blues authentique, il ne connut pas avec ses propres disques le succès de son homologue anglais.
Michael Bernard Bloomfield est né le 28 juillet 1943 à Chicago dans une famille Juive aisée .
Il reçoit sa première guitare et commencent le piano à l'âge 13 ans
Initialement Influencé par la guitare Rock & Roll de Scotty Moore, il s'ouvre ensuite tout naturellement au Blues en écoutant les nombreuses radio de Chicago.
Ses bluesman préférés sont Robert Johnson, Howlin' Wolf, Elmore James et surtout le fameux Muddy Waters qu'il part écouter dans les bars du Southside de Chicago.
Solitaire il s'entraîne de longues heures à la guitare sèche afin de retranscrire note pour note le style si particulier de ses maîtresÂ…
Au début des années 60, Il fonde son premier groupe avec l'harmoniciste Jim Schwall, futur co-fondateur du Siegel & Schwall Band, et puis c'est la rencontre avec ses fidèles compagnons : le chanteur Nick Gravenites, le pianiste/organiste Barry Goldberg, le bassiste Harvey Brooks et les harmonicistes Charly Musselwhite & Paul Butterfield.
Mike Bloomfield bientôt n'hésite plus à monter sur scène avec ses amis et devient vite une célébrité locale.
En effet tout le monde veut voir ce guitariste blanc que Muddy Waters en personne adore écouter et considère comme son fils spirituel...
Très actif, il s'occupe également de la programmation des concerts dans un petit club de Blues le « Fickle Pickle » où il pousse sur le devant de la scène de vieux Bluesman comme Big Joe Williams ou Little Brother MontgomeryÂ…
Sa première apparition discographique date de Mars 63, il se contente d'accompagner à la guitare sèche les Tennesse Jug Busters de Yank Ratchell et ensuite au début de l'année 64, il apparaît également sur le 33 tours « Broke & Hungry » avec la même formation mais cette fois ci, sous le nom de Sleepy John EstesÂ…
Fin 64 , il enregistre ses premières démos pour John Hammond Sr. (le légendaire producteur de Columbia qui découvris entre autre Bob Dylan & Aretha Franklin)Â…
Malheureusement à cet époque, le label Columbia se révèle vite incapable de promouvoir un guitariste de blues électrique et abandonne le projet après juste 5 titres.
5 titres inédits donc, que l'on retrouvera 30 ans plus tard sur « Essential Blues » une compilation carrément indispensableÂ…
En Décembre 64 le producteur Paul Rotchild engage Mike Bloomfield pour étoffer le son des 1er enregistrements du Paul's Butterfield Blues Band : le Premier groupe de blues électrique mixte à Chicago.
Autour du Leader, le chanteur Harmoniciste Paul Butterfield et de son fidèle partenaire le guitariste Elvin Bishop, on trouve aussi la légendaire section rythmique de Howlin' Wolf, le batteur Sam Lay et le Bassiste Jerome Arnold.
Bloomfield & Butterfield se connaissent déjà depuis 61, viennent tous deux de la même communauté Juive et partage la même passion pour le bluesÂ…pourtant ils ne s'apprécient pasÂ… Bloomfield racontera plus tard que Butterfield était un type violent, qu'il frappait ses musiciens et se promenait partout avec un flingueÂ…prêt à dégainer pour un regard de traversÂ…
Curieusement, les premiers enregistrement du Paul's Butterfield Blues Band restèrent inédit jusqu'à la parution du CD « the Lost Elektra sessions » en 94, à nouveaux 30 ans aprèsÂ…
Juillet 64, le Butterfield Blues Band participe au festival folk de Newport et à cet occasion, avec Al Kooper , accompagne Bob Dylan pour son tout premier et mémorable concert Electrique.
Dans la foulée, Mike Bloomfield est embauché pour les séances d'un album qui bouleversera la vision musicale de plusieurs générations : Highway 61 Revisited
Bob Dylan considère encore aujourd'hui Mike Bloomfield comme le meilleur guitariste qu'il ait jamais côtoyé...il lui proposera même de faire partie de son groupe à part entière pour sa future tournée européenne...en vain.
Octobre 65, on le retrouve avec le Paul's Butterfield Blues Band , les studios Elektra capturent enfin avec succès le 1er album du groupe, le son est capté live en studio avec le pianiste Mark Naftalin en plus sur certains morceaux, cependant l'harmonica de Paul Butterfield est encore trop omniprésent ,ce qui laisse à Mike Bloomfield que de bien maigre soloÂ…
Après d'innombrables concerts donnés à Chicago, New York et San FranciscoÂ…le groupe atteint son apogée.
Le second album, East-West témoigne de cet époque bénie.
Il est évident que quiconque appréciant le blues devrait posséder dans sa discothèque un exemplaire de ce East-WestÂ…
Outre d' excellentes reprises de blues tels que « Walking Blues » ou « Two Trains Running », le Butterfield Blues Band grave deux instrumentaux légendairesÂ…
Le premier « Work Song », est un célèbre thème de Jazz remanier en un duel harmonica-guitare explosifÂ…
Le second « East West » est une longue improvisation inspirée par la musique indienne et le LSD qu'il commence à ingurgité quotidiennement.
Etiré parfois jusqu'à 40 minutes en concert, East West fera de Mike Bloomfield le premier guitar hero américain et ouvrira la voie du psychédélisme à tous les apprentis guitariste.
En 1967, Mike Bloomfield quitte Chicago et le Butterfield Blues Band et part s'installer à San Francisco en Californie.
Sur place il met sur pied le groupe de ses rêves : L'Electric FlagÂ…
Pour la première fois dans l'histoire du Rock, nous avons à faire à un big band Moderne composé de dix musiciens, tous triés sur le volet.
Le noyau dur est composé du chanteur Nick Gravenites, du bassiste Harvey Brooks, de l'organiste Barry Goldberg et de Buddy Miles, futur batteur de Jimi Hendrix + une section de cuivre complète inédite pour l'époque.
En juin 67, l'Electric Flag débute fort au célèbre Festival de Monterey et enregistre dans la foulée la Bande Original du film « The Trip » pour le réalisateur Jack Nicholson.
Psychédélique et complètement délirante, cette B.O. est entièrement composé par un Mike Bloomfield sous acides.
Le second album du groupe « A Long Time Comin' » paraît la même année sur Columbia.
Cette oeuvre surproduite mélangeant Blues, jazz, Soul, & bruitage sonores divers est bien trop en avance pour son temps. Le disque est descendu en flamme par la critique et fait un flop monumental.
Début 68 quand l'Electric Flag sort son second, le carrément mauvais « Groovin' is easy », Mike Bloomfield ne fait déjà plus parti du groupeÂ… Déprimé par les tournées incessantes, la drogue et les problèmes d'égoÂ…
En Mai 1968 Al Kooper , aidé de vielles connaissances, propose à Mike Bloomfield un concept-Album baptisé « Supper Sessions » une sorte de rencontre improvisé entre musiciens reprenant de grands classique blues & pop
L'idée séduit Mike Bloomfield pourtant il ne joue que sur la première face. Steve Stills ex guitariste des Buffalo Springfield s'occupent de la deuxième. Atteint de dépression maladive lié à son mode de vie insomniaque (il pouvait rester 3 jours sans dormir) Mike Bloomfield souffre également de dépendance envers les drogues dures contractée un an plutôt avec l'Electric Flag.
Malgré le succès immédiat de Super Sessions , Mike Bloomfield reniera plus tard le caractère trop commercial du projet, qui reste malgré tout, sa plus grande réussite à ce jour.
Fin 68 fort du succès de Supper Session Al Kooper & Mike Bloomfield décident de s'enregistrer en public au légendaire Fillmore de San Francisco : The Live Adventure Of MB & AK.
Double Album avec le même concept jam & reprise de grands classiques Blues & Pop.
A la moitié du Set Mike Bloomfield à nouveau exténué par une série 5 nuits blanches est amené d'urgence à l'hôpital pour une cure de sommeil, il sera remplacé à la fin du show par son ancien collègue Elvin Bishop et par un tout jeune guitariste Latinos du nom de Carlos Santana.
Il existe également deux concerts inédits enregistré a New York au Fillmore East en décembre 68 (CD Columbia Legacy « the Lost Concert Tape »). Mike Bloomfield profite ici de l'occasion pour présenter le guitariste Texan Johnny Winter pour la première fois au public du Fillmore.
Nous sommes en Janvier 1969, Mike Bloomfield est au sommet de sa carrière, il se produit encore régulièrement au Fillmore de San Francisco où il est déjà considéré comme une légende.
Mention spéciale pour les 2 Albums Live aux Fillmore West paru cette année là toujours sur Columbia.
Le Premier très rare (disponible uniquement en 33 tours) Mike Bloomfield Live At Bill Graham's Fillmore West et le second My Labors (disponible en cd chez Acadia Rec.) paru sous le nom de Nick Gravenites sont exceptionnels.
Avril 69, il collabore avec Paul Butterfield au disques de Muddy Waters Father & Son et, en mai, grave son second disque solo It's Not Killing Me sur lequel il compose & chante pour la première fois la plupart de ses propres compositions.
Malgré le présence de tous ses amis + 10 musiciens, ce 33 tours souffre de ses capacités vocales limitées et de son penchant immodéré pour les cuivresÂ…
Toujours en 1969 et Mike Bloomfield se retrouve très sollicité comme accompagnateur ou même comme producteur.
Il produit le disque Mourning in the Morning du Bluesman Otis Rush dans les célèbres Studio Muscle Shoals en Alabama et participe successivement aux disques de Janis Joplin ( CD-LP : Kozmic Blues), Mother Earth (LP : Living With The Animals), Brewer & Shipley (LP : Weeds)
Retenons surtout sa collaboration sous le pseudonyme de Makal Blumfeld sur le terrible disque Two Jews Blews de Barry Goldberg ou se trouvent également 2 autres grands guitaristes de l'époque Duane Allman et Harvey Mandel.
Début 70 toujours très actif, Mike Bloomfield loue ses services à Sam Lay, James Cotton, Beaver & Krause, Barry Goldberg, Merl SaundersÂ…et encore bien d'autres noms encore plus obscures comme Teda Bracci, Tim DavisÂ…
Sa participation au 33 tours de Woody Herman « Brand New » en 71, sort du lot, Mike Bloomfield se retrouve ici confronté à un vrai Big-Band de JazzÂ…
En 73 Columbia Records tente de relancer la carrière de Mike Bloomfield en l'associant avec John Hammond Jr. et Dr. John pour l'album Triumvirate, sans succès, l'année suivante la reformation de L' Electric Flag sur Atlantic est aussi un échec et son second album solo Try it Before You Buy It ne fait guère mieux, se retrouvant très vite dans les bacs à soldes.
Abandonné par sa maison de disque et miné par la drogue, Mike Bloomfield commence sa longue descente aux enfers.
Il continu toutefois à se produire dans la baie de San Francisco pour soutenir dans l'ombre les nombreux concerts et disques de ses amisÂ…
En 75 Bob Dylan lui propose à nouveau de travailler pour lui, sans succès, il préfère rester loin des projecteurs et orienter sa musique encore plus vers le Blues traditionnel.
Ecoeuré par les grosses maisons de disques il n'enregistre plus que pour de petits labels indépendants comme Takoma ou Sonnet Records.
Son Travail à cette époque alterne le bon et le médiocre Â… je retiens pour ma part son disque éducatif pour Guitar Player Magazine en 76.
« If You Love This Blues, Play Em As You Please » Â… En effet Mike Bloomfield prouve sur cet album hommage qu'il peut imiter tous les guitaristes de BluesÂ…
Fin 70's Mike Bloomfield souffre toujours plus de ses problèmes de santé liés à son mode de vie.
Il commence à manquer les concerts, se fâche avec certains de ses amis.
Il tourne encore en Italie début 80 avec des musiciens traditionnels avant d'être retrouvé mort à San Francisco dans sa voiture (par overdose d'héroïne) le 15 février 1981 .
Il avait 37 ans.
Bloomers
Photo: © Bob Andres - http://gallery.andresonline.net
Site Web :
www.mikebloomfield.com
Albums :
Discographie sélective:
1964 -Don't Say That I Ain't Your Man
1968 -Super Session
1969 -It's Not Killing Me
1969 -Live at Bill Graham's Fillmore West
1969 -The Live Adventures of Mike Bloomfield and Al Kooper
1973 -Triumvirate
1975 -Try It Before You Buy It
1976 -If You Love Those Blues, Play 'Em As You Please