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Prince - Planet EarthImage (2007)

Pistes :

1. Planet Earth
2. Guitar
3. Somewhere Here On Earth
4. The One U Wanna C
5. Future Baby Mama
6. Mr. Goodnight
7. All The Midnights In The World
8. Chelsea Rodgers
9. Lion Of Judah
10. Resolution


Musiciens:

Prince (guitare, chant, ...) - Michael B. Drums - Sheila E. (percussion)
Christian Scott (trompette) - Sonny T. (basse) - ...

Critique:

Prince est délibérément dans une période pop: après Musicology et 3121, deux albums qui chacun à leur manière ont obtenu un succès commercial sans pour autant satisfaire le noyau dur des fans, Planet Earth vient compléter ce que certains voyaient venir comme une trilogie d'albums.

Composé de seulement dix titres, Planet Earth rappelle sensiblement le côté pop/rock de Musicology alors que 3121 penchait plutôt vers un retour à l'électro-funk. Globalement cet opus se caractérise par une réelle unité dans la production, ce qui n'était pas forcément le cas des deux albums précédents.

Les fans ont identifié Planet Earth en mars 2007, lorsque Prince prononça un discours étrange lors des NAACP Awards: il s'agissait en fait des paroles de la chanson titre. La confirmation réelle d'un nouvel album n'a été faite qu'au courant du mois de juin, peu de temps avant la sortie prévue le 23 juillet.

Pour cet album Prince a de nouveau signé un contrat de distribution avec Columbia / Sony Music, la compagnie qui avait distribué Musicology en 2004. Ce qui a du lui faciliter les choses pour mettre une nouvelle fois en oeuvre sa stratégie de distribution: Planet Earth sera distribué à la sortie des concerts de Londres, en août et septembre 2007.

D'autre part en Angleterre l'album fut distribué gratuitement avec l'édition du Mail Of Sunday du 15 juillet 2007, un hebdomadaire tiré pour l'occasion à près de trois millions d'exemplaires! L'album fut donc triple disque de platine avant même sa sortie officielle! Cette méthode de distribution a toutefois provoqué un tollé auprès des magasins de disques (HMV, Virgin...) ainsi que de Sony/BMG qui a retiré "par solidarité avec les distributeurs" le disque de son catalogue.

L'album a été enregistré sur une période qu'on peut considérer de mi-2006 à début 2007, avec une partie majoritaire entre novembre 2006 et avril 2007. Durant cette période, Prince donnait toute une série de concerts le week end à Las Vegas, mais des sources de son entourage ont révélé qu'entre les concerts, Prince retournait régulièrement à Minneapolis pour enregistrer au Paisley Park. D'après les crédits de la pochette, le disque a été enregistré à Paisley Park, 3121 Las Vegas et aux studios Circle House de Miami.

« Guitar » est le seul titre révélé un peu à l'avance sur le site www.3121.com, dans une version démo moins péchue et plus « plastique » que la version finale trouvée sur l'album. "Somewhere Here On Earth" a également été révélée lors des concerts de Las Vegas.

Au niveau des participations, on découvre dans les crédits de la pochette des remerciements à Michael B et Sonny T (la section rythmique des NPG 91-95) ainsi qu'à Wendy & Lisa, qui auraient participé sur 5 titres! Wendy a révélé dans une interview qu'en réalité elles n'ont pas travaillé avec Prince dans le studio: elles ont reçu des maquettes sur lesquelles on leur a proposé d'ajouter leur contribution.

La pochette se présente sous la forme d'un digipack ouvrant en quatre parties. La partie frontale est sous la forme d'un hologramme, comme cela était le cas pour Diamonds And Pearls.

Globalement, Planet Earth est un album très orienté pop/rock, même si l'on retrouve les traditionnelles ballades à la Prince et de rares morceaux assimilables à du rnb moderne. On ne trouve aucun titre funk sur ce disque, ce qui est une franche rupture avec l'électro de 3121. Le titre « Chelsea Rodgers » est un imparable tube disco avec d'excellentes parties de cuivres et la voix de la diva soul Shelby Johnson, façon Sylvester dans les années 70, mais il réutilise une recette déjà connue et exploitée par ailleurs.

Le disque s'ouvre avec « Planet Earth », sur une sombre intro au piano façon « Empty Room » mais rapidement le morceau s'élève pour devenir un rock grandiose et complexe dans le style, là aussi, de ce que l'on faisait dans les années 70. Le titre est ponctué de deux breaks: le premier casse un peu le tout, il ressemble au rythme de « Love 2 the 9s » avec des passages chantés, tandis que le second revient sur l'intro du début. Un excellent solo de guitare arrive vers la fin. Assurément, un très bon titre!

A la suite de cela, « Guitar » s'insère admirablement et poursuit le style rock de l'album. C'est aussi l'un des titres les plus frais et accessibles de ce disque. Le seul reproche est que la chanson termine en fade out au beau milieu d'un solo de guitare...

La suite est « The 1 U Wanna C », un morceau frais et pop dans le style de ce qu'aurais pu faire Shania Twain, avec un refrain facilement identifiable, une guitare country modernisée et des paroles assez simplistes là aussi.

« Lion Of Judah » et « Resolution » forment un duo final très pop/rock. Le premier s'ouvre sur une intro à la guitare style « Purple Rain », et se révèle être un morceau assez efficace sans être majeur dans la discographie princière. Le second est encore plus conventionnel, voire même franchement banal, proche de n'importe quel groupe pop du moment.

« Future Baby Mama » et « Mr Goodnight » représentent la partie rnb de l'album. Le premier est une ballade façon « Do Me, Baby » donc assez rythmée, avec des vocaux à la « Call My Name » et sur laquelle on retrouve le son caractéristique de la Linn Drum. Le morceau est enchainé avec « Mr Goodnight », un titre groovy chanté façon rap comme sur « Sexy MF » ou « 18 & Over » sans pour autant avoir l'excellence de ces morceaux.

« Somewhere Here On Hearth » est une autre ballade. C'est un slow avec piano et flute mais bien rythmé, puis une trompette « à la Miles » vient se superposer et rappelle un peu « Power Fantastic ». Les harmonies vocales font également penser à ce morceau.

Enfin, « All The Midnights In The World » est une composition folk/pop peu glorieuse et mal servie par des vocaux niais façon « Graffiti Bridge ». Un titre tout à fait dispensable!

En conclusion, Planet Earth est un album qui offre un côté pop/rock que l'on a entendu chez Prince seulement sur Purple Rain et aussi un peu sur Chaos & Disorder. Mais ne nous leurrons pas: ce disque n'est pas à la hauteur du premier, bien qu'il soit mieux réalisé et plus homogène que le second. Le disque est agréable jusqu'aux titres du milieu (« Mr Goodnight ») mais sombre ensuite avec « All The Midnights... » qui contraste alors avec le morceau suivant (le disco « Chelsea Rodgers »), avant de replonger dans deux morceau pop/rock/folk dispensables.

Ainsi les fans de funk pur et dur seront probablement déçus, ce qui est un pari risqué pour Prince. En même temps, l'excellence de « Chelsea Rodgers » et la relative bonne performance de « Mr Goodnight » permettront peut être de faire patienter. L'album offre globalement une production à la Musicology avec un accent plus prononcé sur la guitare électrique ou acoustique, ce qui permet à ce disque d'être plus péchu.

Laurent
Calhoun Square

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