Arctic Monkeys - AM (2013)
Pistes :
1. Do I Wanna Know?
2. R U Mine?
3. One For The Road
4. Arabella
5. I Want It All
6. No. 1 Party Anthem
7. Mad Sounds
8. Fireside
9. Why'd You Only Call Me When You're High?
10. Snap Out Of It
11. Knee Socks
12. I Wanna Be Yours
Musiciens :
Alex Turner (chant, guitare) - Jamie Cookie Cook (guitare) - Nick O'Malley (basse) - Matt Helders (batterie)
Critique :
Après un succès triomphal en tête d'affiche du Glastonbury Festival 2013, les Arctic Monkeys déboulent le torse bombé et le ton assuré avec un cinquième album pour le moins surprenant. Définitivement, les Monkeys juvéniles de Sheffield ne sont plus, écrasés par la métamorphose manifeste des néo-californiens. Les vieux fans qui campent désespérément sur des positions passéistes hurlant au retour des cavalcades adolescentes fougueuses vont en prendre pour leur grade.
Alex Turner et les siens ont, sur la continuité des prémices annoncées sur Humbug et Suck It And See, totalement virés leur cuti. AM sent désormais, et sans la moindre contestation, la moiteur du désert californien. Le chaman Josh Homme n’a pas façonné la bête ce coup-ci (outre un backing vocals ou deux) mais l’influence pesante et réjouissante du gazier est tout de même largement palpable. James Ford, secondé par Ross Orton, est toujours à la production et réalise un travail absolument colossal. AM est un rouleau compresseur illustré par ces deux calibres 36 qui fulminent d’entrée de jeu à coups de riffs outrageusement enivrants. L’album, malgré son degré de nervosité revue à la baisse, est d’une lourdeur absolue et brigue les fondements du hip hop (Alex Turner reconnaît l’influence de Dr Dre) en guise de rythmique et la puissance démoniaque du heavy britannique, Black Sabbath en tête (« Arabella », « R U Mine »…). Derrière le chant magnifiquement nonchalant de Turner, Matt Helders s’affaire à tenir une rythmique dantesque cognant comme un Bonham sur ces pauvres fûts tout en assumant les chœurs qui collent une ambiance monstrueuse.
Loin des champs de bataille, les Monkeys se prêtent à l’incontournable ballade sans fausse note ni mauvais goût, délectant d’un « N°1 Party Anthem » ou d’un glamour « Mad Sounds ». Malins comme des singes, Turner et ses potes jouent comme toujours sur la dérision avec l’excellente « Why'd You Only Call Me When You're High? » tout en s’ouvrant à des hymnes groovy aux confins d’un dance rock de bon aloi (« Snap Out Of It », « Knee Socks »). Plus que jamais, AM mérite, ne serait-ce que par devoir civique, des écoutes à répétition qui libèrent à chaque fois de nouveaux traits de génie. Décidément, ces branleurs sont audacieux.
Jean Jean