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Gush - Interview - 19.03.2014Image (2014)

A l’aube de la sortie de Mira, leur second album, Gush a viré de bord. Exit la pop 60’s-70’s, les franciliens ont monté le son, grossi le ton et attaquent les dancefloor. Un virage sans concession mais avec beaucoup de passion que nous explique le groupe quelques jours avant la sortie…

Rocklegends : Près de 4 ans entre les deux disques, c’est très contemporain cet espace temps entre deux albums… ?

Gush : On dirait effectivement que c’est contemporain. On aimerait pourtant faire plus vite, tu sais on est plusieurs dans le groupe à écrire des morceaux donc on a cette chance d’avoir de la matière assez vite mais aujourd’hui c’est vrai que, bizarrement, tout prend plus de temps. C’est moins facile car l’industrie musicale évolue beaucoup ces derniers temps. Il faut trouver d’autres moyens pour vivre de sa musique, ça passe plus par le live. Pour revenir à Gush, ça a été une période de changements en plus de la conjoncture : on a changé de producteurs et pas mal de choses dans nos partenaires. Et puis il a fallu trouver le son de ce deuxième disque, pour nous c’était important. Ce qui comptait c’était d’assumer pleinement notre musique et d’avoir envie de la défendre.

Rocklegends : Retour le premier album, Everybody’s God a-t-il eu plus de succès que ce que vous imaginiez ?

Gush : On n’avait pas vraiment d’attentes... On était convaincu d’avoir fait un disque qui nous plaisait et on a été très content de l’accueil du public et des professionnels. Après, on a de l’ambition et on en veut toujours plus donc on aurait aimé qu’il sorte dans d’autres pays, en Angleterre, en Allemagne ou aux Etats-Unis même s’il est sorti au Japon. On a quand même eu beaucoup de chance !

Rocklegends : A l’écoute de Mira, le disque me semble avoir une sonorité et une dimension plus collective, plus internationale… Vous le ressentez comme ça également ?

Gush : Oui on nous le dit et tant mieux ! Il semble dédié à un public plus large même si on n’a pas fait ça pour ça. On a fait le disque qu’on avait envie d’entendre. Mais c’est vrai qu’on n’avait pas envie de refaire le premier disque avec ce son très vintage et analogique avec l’enregistreur à bandes. Il faut se renouveler…

Rocklegends : Par rapport à votre premier album, le ton a vraiment changé. Les ambiances étaient très intimistes, les sons très analogiques et bien que parfois très groovy, très axés sur l’épure et les guitares. Mira change de dimension : on sent l’ère digitale, la production ronde et massive aux ambiances synthétiques, on tend parfois vers du Daft Punk et ou du MGMT ?

Gush : Oui ce sont des références qui nous parlent. Après ce n’est pas calculé, c’est quelque chose qu’on a en nous. On a toujours aimé Daft Punk depuis le début, surtout leur premier disque. Inconsciemment cela doit transparaître notamment par ce côté plus synthétique que l’on a amené. Mais c’est toujours plaisant d’entendre dire que l’on ressent des touches d’autres artistes qu’on considère comme de grands artistes.

Rocklegends : L’album a été mixé par Julien Delfaud qui a bossé avec Woodkid et Phoenix  et masterisé par Mike Marsh qui lui a bossé avec Basement Jaxx, Phoenix, Naive New Beaters ou Jagwar Ma, qu’ont-ils apporté ?

Gush : Nous, on avance pas mal dans la production car on réalise nos disques un peu tout seul jusqu’à maintenant. Julien Delfaud c’est un mec génial ! On avait vraiment besoin d’un regard extérieur en dernière étape. Humainement et artistiquement, on était sur la même longueur d’ondes. Je pense qu’il a fait en sorte que ça prenne la direction qu’on voulait. Avec son mix, il a grossi et finalisé ce que nous voulions faire. Il fallait que ça reste chaleureux et organique tout en soulignant ce côté synthétique avec ce côté club et dance. Il a été très bon pour ça. Quant à Mike Marsh, c’est un très bon masteriseur qui a un cv impressionnant et qui a bossé avec des groupes qu’on adore. Il a amené beaucoup d’aigus qu’il manque souvent quand on fait des productions. C’est pour ça qu’il y a des masteriseurs ! On est très heureux de toute cette chaîne de production…

Rocklegends : Globalement, vous jouez moins sur la concordance de vos voix, même si elles sont encore présentes mais un peu moins centrales ?

Gush : C’est une volonté de chercher autre chose… C’était un côté plus classic-pop et classic-folk sur le premier dans les harmonies qui pouvaient rappeler des choses de la grande période 70s. On a essayé d’autres choses, des unissons, des voix de tête... On nous dit que ça fait parfois un peu Bee-Gees mais on n’a absolument pas voulu ça ! Ce n’est pas prémédité. On suit nos envies et nos cœurs et comme dans toute création, les influences réapparaissent et c’est tant mieux. C’est un juste retour des choses.

Rocklegends : Cet album semble être taillé pour la scène, l’idée étant d’écumer plutôt les grosses scènes et les festivals ?

Gush : Ce qui est sûr c’est qu’on voulait que ça sonne plus épais, plus large. Si ça te donne cette impression d’un son plus voué à de grosses scènes, c’est ce qu’on a voulu. Mais sans penser à la scène de suite car on pense surtout au disque en premier. La production de live après, c’est autre chose, un autre travail. Mira rentre bien dedans en effet, il y a des programmations qui sont efficaces et qui peuvent faire danser les gens. Ca aussi c’était une envie.

Rocklegends : Du coup, sur scène, allez-vous revisiter les morceaux de chaque album pour y mettre une forme de cohérence dans le son ou jouer sur cette dichotomie ?

Gush : On a quand même commencé à faire quelques concerts. L’idée est plutôt d’adapter les anciens morceaux au nouveau Gush. D’avoir un live homogène en amenant les morceaux vers la dance…

Rocklegends : Rassurez-moi, les guitares ne sont pas balancées à la poubelle ?

Gush : Non ! Il n’y en a plus qu’une alors qu’avant on en avait deux mais elle est bien là !
 
Rocklegends : Pour finir sur Mira, quels disques vous écoutiez en boucle durant la conception ?

Gush : Ce qu’on peut te dire, c’est qu’on a écouté les Mystères des Voix Bulgares ! C’est un truc qui n’est pas du tout de notre univers musical. Ce sont des chants bulgares qui ont été commercialisés en France dans les années 90 et qui ont leur petit succès à l’époque. Ce sont des chorales de femmes… on a trouvé ça assez génial. Elles ont une façon autre de trouver des harmonies et de chanter en chœurs. Ca nous a interpellé et passionné. Pour la musique, on a écouté pas mal de BO de rap américain assez récent comme Kendrick Lamar, Franck Ocean même si ça ne se ressent peut-être pas beaucoup dans le disque. Et après des grands classiques comme Morricone...

Rocklegends : Pour terminer, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter de mieux ?

Gush : Euh, faire Coachella l’an prochain par exemple ! Ce serait un bel accomplissement pour ce disque !

Rocklegends : Et se retrouver sur une affiche avec quel artiste en particulier ?

Gush : Question difficile… euh Prince, ça doit être énorme, il est monstrueux. On est fan !

Rocklegends : On vous verra dans les festivals cet été ?

Gush : Ca se met en place, il y aura notamment Beauregard, les Nuits Secrètes. Mais le gros ça va être l’an prochain car Mira sort un peu tard pour que ça soit synchronisé cet été. Ca va s’étaler sur l’année prochaine.

Rocklegends : Une dernière chose à dire ? Une anecdote ? Une originalité  à raconter sur cet album ?

Gush : Mira en fait c’est une étoile qui est dans la constellation de la baleine. C’est une étoile qui se déplace et qui laisse une traînée derrière elle. C’est peut-être important pour nous de laisser une trace (rires)… !

Merci à Gush et à Mathieu pour leur disponibilité. On se retrouvera certainement sur les routes dans les mois qui viennent…

Propos recueillis par Jean Jean.

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