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Joe Satriani - Joe SatrianiImage

Photo: © Greg Watermann

L'énigmatique ascension d'un prof précoce

"COMME VOUS IL N'A QUE DIX DOIGTS. POURTANT, ON LUI EN DONNERAIT CINQUANTE. LE COMBLE, C'EST QU'IL A TRAVAILLE BEAUCOUP POUR JOUER SIMPLEMENT. A VOUS DEGOUTER..."

[Steve Vai]

A l'évocation du cas Satriani, deux écoles s'affrontent. Ceux qui sont tombés sous le charme de sa musique instrumentale et les autres. Ces autres qui ne voient dans son style qu'une suite interrompue de notes sans âme ni relief, qui lui reprochent de n'avoir cédé ni au minimalisme rock ni à l'hypnose techno ; ces autres encore qui le taxent volontier de "shredder" parce qu'il ose maîtriser des gammes pas tout à fait comme les autres, et qu'il va jusqu'à s'associer avec d'autres virtuoses du manche pour organiser des concerts où la dextérité rivalise avec le brio.

Pour ceux-là, Joe Satriani est davantage un musicien qu'un artiste.

Pourtant, "shredder", Satriani se refuse à l'être. Du moins dans l'acceptation péjorative de terme. De "Not Of This Earth" à "Is There Love In Space? ", l'ancien prof de guitare à prouvé que sa musique pouvait évoluer, en marge des modes et des formats radio. Dans une interview accordée au magazine Guitare World, il y a trois ans, à l'occasion de la sortie de "Joe Satriani", il avait donné sa propre version : "Si tu joues de la guitare avec la bonne attitude, et que tu te fous des règles et des frontières qui sont temporairement imposées par des considérations commerciales, alors oui, tu es un shredder." Élégante parade à la question d'un journaliste qui voyait en Satriani le meilleur représentant d'un courant censé englober tous les virtuoses de la guitare instrumentale des années quatre-vingts. Et Satriani, afin de se démarquer, d'ajouter : "Neil Young est un shredder. Les Smashing Pumpkins aussi. Ils n'ont rien à voir avec Allan Holdsworth ou John McLaughlin, mais ils ont la même attitude. Lorsque McLaughlin exécute une pièce, sa seule ambition est de l'exécuter le mieux possible ; ce qui transparaît, c'est sont amour de l'instrument et sa volonté d'abattre des murs. Je crois que le rock alternatif aspire à la même chose. C'est simplement une forme sonore différente."

Au sens strict, "shred", en anglais, signifie : "lambeau" ou "déchiqueter". Cependant, au début des années quatre-vingt, le terme à été banalisé pour designer un certain genre de musiciens, les uns issus du jazz-rock, les autres du métal. Leur point commun : la virtuosité dans la guitare instrumentale. Inévitablement, Joe Satriani allait donc être non seulement associé à ce courant, mais surtout hissé au rang du chef de file de la shred music.

Quelle ironie, alors que, quelques année plutôt, le punk-rock anglais s'etait employé à combattre tant la virtuosité que la guitar attitude. Sa connotation péjorative, le terme "shred" le doit précisément à cette fameuse guitar attitude, qui consistait - et consiste encore dans certaines contrées reculées - à assimiler la guitare au phallus et la vélocité à une bonne paire de couilles. Mais dans cette cour, Satriani n'a jamais joué. La musique qui jaillie de l'esprit de cet ancien prof est simplement le fruit d'une recherche approfondie sur l'étude des gammes et des sons. D'ailleurs, il suffit de l'entendre se plaindre des journalistes "obtus' qui, chaque fois que sort un de ses album, l'emmerdent régulièrement en l'accablant de questions technico-techniciennes.

Depuis plus de dix ans maintenant, Joe Satriani reste fidèle à son style, tout en essayant de faire évoluer sa musique. "Is There Love In Space? ", dernier opus en date, n'est en somme que l'aboutissement d'une évolution permanente. Et s'il a cessé depuis longtemps ses activités d'enseignant, il a toujours continué à apprendre lui-même : apprendre à jouer le plus simplement du monde, en appliquant la politique du moindre effort, et aller à l'essentiel pour l'intensité de l'expression. Joe Satriani n'est donc pas seulement un guitariste, ni même un shredder, mais un musicien qui, au fil du temps, est parvenu à maîtriser toutes les ficelles de la six cordes.

Joe Satriani lui-même

Joe Satriani évoque dès la première écoute, une impression de totale maîtrise de son instrument, du son, et de la technique guitaristique. Blues, métal, rock, funk, musique classique, musique ethnique arabe, musique indienne, extrême orientale, africaine, ... telles sont les influences du mage. On retrouve chez lui du Hendrix, Jeff Beck, John McLaughlin, Jimmy Page, Ritchie Blackmore ou Alan Holdsworth. Mais la copie de chacun de ces styles est toujours évitée. Même si, au pied levé il a souhaité retrouver le groupe Deep Purple abandonné par son leader en pleine tournée au Japon, Il n'a jamais cherché à copier le style de Blackmore ! Joe débute au piano, puis poursuit à la batterie avant de se mettre à la guitare. C'est le jazz et Duane Eddy qui le propulsent vers une carrière de musicien. Le Wes Montgomery, Charlie Parker et autres Miles Davis ou John Lee Hooker viennent complèter ses influences, suivis de près par les groupes de Hard-Rock des années 70, comme Led Zeppelin, Van Halen ou Black Sabbath. Enfin, Gabriel Fauré, Claude Debussy, Eric Satie et Bela Bartok dont les travaux furent abordés en université, constituent chez lui un parfait conglomérat influent. Restait à couvrir le patrimoine musical ethnique, fidélisé par des auteurs moins connus, mais tout aussi présents dans les références de Joe.


Côté matériel, l'Alien ne fait pas dans la simplicité, multipliant ampli et effets. Cependant, il est important de retenir les constantes : une guitare Ibanez Modèle Joe Satriani argentée aux micros Paf Pro DiMarzio traffiqués, qui rentre dans une whawha Dunlop CryBaby, puis dans une Whammy Digitech, et dans une pédale Boss DS-1. Côté Ampli, c'est en majorité des têtes Marshall 30ième anniversaire, ou des Mesa Boogie Dual Rectifier... Mais maintenant Joe est à Peavey et il a crée son JSX... Enfin, composantes essentielles du son Satch, le chorus Boss CE-3 et un Delay digital Chandler intégré à la tête d'ampli (c'est son setup de 2000. Pour le nouveau c'est dans l'atelier).

D'une grande précision, Joe allie toucher et rapidité, affichant un jeu legato caractéristique apportant fluidité et mélodie aux diverses parties solo. Ses rythmiques insisives ou fondée sur des arpèges assez complexes viennent s'enchaîner à des morceaux complets joués uniquement en taping. Et quand Monsieur Satriani se met au Blues, il excelle autant qu'un King qui ne fait que ça depuis 40 balais... L'écoeurement atteint son paroxysme lorsqu'il clame, sans fierté, qu'un jeu aussi complexe et varié lui est naturel. Palons alors de phénomène, ou alors montrez-m'en un, que je sâche à qui j'ai affaire...

Joe Satriani est né le 15 Juillet 1956 à Westbury (New York) et touche un peu à la guitare sèche de sa soeur aînée qui gratouille de la folk et réalise même quelques scènes. Il commence réellement à s'intéresser à l'instrument à l'âge de 14 ans, et prend plus tard des cours avec le guitariste Billy Bauer, et le pianiste Lennie Tristano. Accepté à 18 ans au Berkley College, il dirige dans un premier temps, sa carrière vers le professorat. Il donnera des cours à des guitaristes de renom comme David Bryson de Counting Crows, Kirk Hammet de Metallica, Larry Lalonde de Primus, Charlie Hunter, Jeff Tyson ou encore Steve Vai. Il forme en 1979 le groupe de pop "The Squares" à San Francisco, en compagnie de Jeff Campitelli (batterie) et Andy Milton (basse). Mais en 1984, alors que son groupe un peu trop avant-gardiste ne marche pas très fort, il enregistre un EP de cinq chansons, commercialisé sous un label indépendant nommé Rubina (le nom de sa femme).

Steve Vai, alors sous les ordres de Frank Zappa, le présente à Relativiy Records. Joe, qui est en train d'enregistrer son second album "Not of this Earth" se voit commander par Relativity un album différent, moins "boites à rythmes". Les démos de Joe seront les chansons de "Surfing with the Alien" qui sort en 1987 et devient disque de platine. Cet album contribue à l'avènement de Joe Satriani, qui arrive à imposer un style nouveau, bien que Jeff Beck avait déjà fait un peu pareil avec "Wired". Satriani est à cheval entre blues et jazz (pour le côté instrumental, et la construction des morceaux), le métal et le rock pour le son et le rythme... Fidèle aux guitares Ibanez, il aidera le constructeur à sortir de la production de copies de guitares (certes excellentes) pour le conduire à l'élaboration des modèles caractéristiques de la marque (modèles RG et modèles signatures JS). Stu Hamm (basse) et Jonathan Mover (batterie) contribuent au succès de l'album, toujours supervisé par John Cuniberti et Jeff Campitelli.

Ce succès conduira Relativity à un second tirage de "Not of this Earth" terminé deux ans plus tôt en 1985, et qui connaîtra une nouvelle couverture. Joe sort des clichés à travers cet album, montrant un son très abouti, bien que jugé très froid au regard des autres albums. Joe dérange par la clarté et la précision de son jeu, et ses expérimentations. John Cuniberti et Jeff Campitelli aideront à l'arrangement de cet album produit à l'origine en fonction de crédits financés par la carte de crédit personnelle de Joe.

Le 11 Juin 1988, trois chansons ont été enregistrées live durant la tournée "Surfing with the Alien", plus un titre studio (The crush of love), donnant naissance à "Dreaming#11". Joe confirme son talent par des prestations scéniques qui font mentir tous ceux qui doutaient de son réel talent et l'accusaient alors d'être le roi des overdubs et de produire des titres sans âme et spontanéité.

Commence alors la période Glyn Johns, qui conduit Mick Jagger à embaucher Joe sur sa tournée solo, et en Octobre 1989 à la sortie de "Flying in a blue dream", comprenant 18 titres dont 6 chantés. Joe couvre à travers cet album tout style de musiques, passant du blues au hard rock, du tapping au banjo, du classique au pop-funk. Joe s'avère être l'un des meilleurs guitariste des années 80 sur le plan international, affichant une grande connaissance de la musique et un toucher remarquable.

Après deux années d'écriture et d'enregistrement "The Extremist" sort en juillet 1992 et devient rapidement disque d'or. Après le décès de son père, cet album apparaît plus noir que les précédents. Son influence est plus orientée vers le hard-rock, les musiciens Matt et Greg Bissonnette apportent le même punch qu'ils ont pu l'apporter à Steve Vai sur les albums solo de l'ex-chanteur de Van Halen, David Lee Roth. Joe se montre plus mélodique dans ses parties solo, et perd peu à peu l'image du musicien qui fait des albums-démos.

"Time Machine" sort en Octobre 93, un double CD comprenant un disque studio et un disque live. Joe reprend alors rétrospectivement des morceaux inédits, ou mal distribués sous le label Rubina. Cet album est plus centré sur la prestation live au cours des différentes tournées de Joe, et marque un changement de cap dans sa carrière, tirant involontairement un trait sur la production faite par Relativity, et de ce fait, conduit Joe à se démarquer de l'image que le public lui colle, celle du guitare-héros froid et surproduit.

"Joe Satriani" l'album éponyme, entre dans les bacs en octobre 1995, montrant Joe sous un nouvel angle, plus blues, enregistré en studio dans les conditions du live, avec des musiciens d'exeption. Mais Relativity s'orientant vers la production de musiques urbaines, Joe se voit contraint de changer de label et de tourner chez Sony (Epic). La promotion de cet album est minimisée par Sony, et Joe est obligé de tourner énormément pour s'affirmer dans cette nouvelle direction. L'album est plus sobre, sans trop d'effets et de fioritures, et particulièrement efficace avec Manu Katché (Peter Gabriel) à la batterie, Andy Fairweather Low (Eric Clapton)à la guitare rythmique et Nathan East (Phil Collins, Eric Clapton) à la basse.

90 000 fans se réunissent en Amérique du Nord en Octobre 1996 où le G3 (Joe Satriani, Steve Vai et Eric Johnson) n'arrêtera pas de tourner pendant six mois. Le disque "G3 Live in concert" arrive en Juin 97 dans les bacs, pour le bonheur de tous. Nouveau look, crane rasé, chaussures surélevées, vêtements noirs, argentés ou blancs...

Le 3 Mars 1998 sort "Crystal Planet", un album de 15 titres où Joe retrouve l'esprit et le son des premiers albums. Caractérisé par l'utilisation de plus d'effets, le style de Joe s'avère plus dépouillé, plus lyrique qu'autrefois. Joe semble avoir trouvé le juste mélange entre les sons qui collent à l'actualité, l'utilisation de machines et de synthétiseurs, la mélodie surpuissante de la guitare et la musique instrumentale. Il est servi par Stu Hamm (basse) et Jeff Campitelli (batterie).

Pour le nouveau millénaire Joe enregistre avec les mêmes compaires "Engines Of Creation" qui repousse les limites de sa musique qui devient super planante et techno. Enregistré dans "LE Chateau" un studio donc électronique. Un style encore jamais vu mais redoutable. On notera les excellentes "Devil's Slide" (hyper rapide avec un solo en triple croches), "Champagne?" pour le millénaire qui est très blues malgré tout, les excellents "Clouds Race Across The Sky" (anciennement titré "As They Sleep", qu'il a composé en regardant ses enfants dormir), "Borg Sex", "The Power Cosmic 2000" (une composition très ancienne remixée en tapping parue dans un guitar mag américain en 89), "Until We Say Goodbye" et bien sur "Engines Of Creation".

Il finit deux ans plus tard par sortir un album qui porte le nom de son ancienne maison d'enregistrement "Strange Beautiful Music" le 21 Juin 2002. Et enfin après une tournée fatiguante du G3 2003 (dont le DVD Live In Denver) il sort son nouvel album "Is There Love In Space?" le 13 Avril de l'année dernière. Les photos du webcast de 2005 sont disponibles. ("at the Grove Of Anaheim")

C'est pour cette fin d'année que notre satch "s'allie" avec Steve Vai (une fois de plus) et John Petrucci pour le Live In Tokyo. Histoire sans fin ? Non, car c'est en Mars 2006 que sort "Super Colossal".

Biographie par Satchworld.com


Infos artiste

Site web: Satchworld.com

Discographie Albums:

1984 - Joe Satriani
1986 - Not Of This Earth
1987 - Surfing With The Alien (Relativity)
1988 - Dreaming #11
1989 - Flying In A Blue Dream
1992 - The Extremist
1993 - Time Machine
1995 - Joe Satriani
1998 - Crystal Planet
2000 - Engines Of Creation
2000 - Additional Creations
2002 - Strange Beautiful Music
2004 - Is There Love In Space?
2006- Super Colossal

Discographie sélective lives:

1997 - G3 Live in Concert
2001 - Live In San Francisco
2004 - G3 Live: Rockin' In The Free World

Quelques dvds:

2002 - Live In San Francisco
2004 - G3 Live In Denver

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