Keziah Jones - La Carène - 26.01.2009 (2009)
Crédit photo :
Hervé LE GALL Cinquième Nuit
Photo : Keziah Jones en mai 2008 au Festival Art Rock.
Date et lieu :
La Carène, Brest - 26 janvier 2009
Commentaires :
Un lundi soir grisonnant. La nuit tombe, les rares types qui marchent encore dans la rue, le teint blafard, se traînent sur l'asphalte pour rejoindre les troquets du port. Il est presque 20h30 et les abords de La Carène sont envahis par les voitures garées un peu n'importe où. C'est confirmé, Keziah attire les foules.
Une bonne demi heure de soleilÂ…
Pas plus de deux minutes pour entrer, une partie du public est déjà au bar et, à ma grande surprise, la majorité est déjà dans la salle pour soutenir Krystle Warren en première partie. La New Yorkaise, seule en scène, joue de deux instrumentsÂ… sa guitare et sa voix ! Sa voix lui sert à chanter mais aussi à jouer, à émouvoir, à accompagner sa guitare, quand ce n'est pas sa guitare qui accompagne sa voix. Son timbre ressemble à celui de Tracy Chapman mais avec un coffre plus impressionnant, presque sans limite. Elle arrive rapidement, par son jeu de scène et son empathie, à captiver le public qui lui rend un bel hommage par un tonnerre d'applaudissements. Certes son folk minimaliste aurait du mal à ne pas s'essouffler sur une durée trop longue, mais une bonne demi heure de soleil ne fait de mal à personne.
Blufunk is good to liberate your assÂ…
Sur cette tournée, j'aurai tout lu, tout entenduÂ… tout et son contraire. Artiste humble ou star capricieuse, concert raté ou show du tonnerre, public enjoué ou mécontentÂ… Le mieux, c'est de se servir soi-même.
Une bonne demi heure d'attente avant que l'Américano-Nigérian n'entre en scène. Son bassiste et son batteur prennent place et Keziah se pointe au milieu, combinaison intégrale, blanche et marron, ajustée au corps. Sa guitare acoustique est posée là, devant son micro sur un grand tabouret. Le concert démarre tambour battant, Keziah cogne sa guitare comme un djembé et sa section rythmique envoie déjà le groove. Le groupe est sur des rails, les morceaux s'enchaînent à un rythme effréné, tout est millimétré et chacun tient son rang avec une technique et une classe insolentes. Jeu en slap pour le bassiste, breaks du feu de dieu pour le batteur et soli acrobatiques pour Keziah, le concert entier est placé sous le signe du funk.
En plus de quelques titres du dernier album, le New Yorkais joue une setlist list en forme de best of, avec le meilleur de son répertoire : « Where Is Life », « The Funderlying Undermentals », « 1973 (Jokers Reparations) », « Free Your Soul », « Femiliarise », « Beautiful Emilie ». Keziah est d'excellente humeur ce soir et confie au public que « Brest is a cool place, I love it, really ». Il n'en fallait pas tant pour motiver le public, un peu timide mais volontaire. Et le Nigérian est bien décidé à bouger le publicÂ… Il danse sur des parties instrumentales, fait chanter et bouger le public et triture sa gratte pour en extraire des soli « hendrixiens » dopés à la pédale Wah Wah. Faut dire, mais ce n'est pas un scoop, Keziah Jones est un guitariste hors pair. Ca envoie sec et ça commence à sentir la sueur dans l'bordel ! En même temps, le concert n'a connu aucun temps mort, pas de répit ni de passage acoustique. Ce soir, c'était électrique et funky, point barre.
Le groupe se retire quelques instants (c'est à peine si on les a vu sortir de scène) pour revenir nous achever sur deux ou trois titres dont l'inaltérable « Rythm Is Love »… Je ne sais pas comment c'était ailleurs mais ce soir c'était chaud bouillant. Du putain de concert avec des zicos de haut vol. En même temps, mieux vaut que Keziah soit payé à la qualité qu'à la quantitéÂ… seule petite ombre au tableau, le trio n'aura joué qu'une heure et quart. Le guitariste se retire sur ces quelques mots Rock, blues, jazz, funk and blufunk liberate your ass and your mind !. Bien Monsieur.
Le retour est difficile, j'ai encore les guibolles qui groovent toutes seules et les dessous de bras qui font trempette. Bref, du vrai bon concert.
Jean Jean