Arcade Fire - Pavillon Baltard - 22.11.2013 (2013)
Crédit photo :
© Sigried Duberos
Date et lieu :
Pavillon Baltard, Paris – 22 novembre 2013
Live Report :
La grande histoire d'Arcade Fire s'est une nouvelle fois écrite ce soir sous le masque de The Reflektors, le délire quelque peu schizophrénique des canadiens. Non contents d'être - depuis 4 albums – d’authentiques modèles de créativité, les canadiens entraînent des milliers de fans dans leur sillage ondulant, transformant à travers le monde quelques lieux mythiques en un show hybride de dance-floor et carnaval.
Cette avant tournée sous pseudonyme est, outre toute velléité marketing, un véritable retour aux sources : être au plus près des gens, de l'humain et tirer sa quintessence de l'énergie collective. Belle philosophie qui aura fait ses preuves. Il n'y a qu'à voir, pour les plus sceptiques, ce RER B bondé de gens au teint gris et aux regards vides à l'aller et, au retour, cette communion d'un jour de final de coupe du monde. Pourtant le kilomètre de queue à l'entrée et la grosse heure et quart de live (seulement...) auraient pu rendre aigris quelques pisse-vinaigres. Mais non car ce soir, bien plus qu'un concert, The Reflektors ont offert un moment de vie, un instant unique. Une fête populaire brillante.
Déguisé comme au carnaval, le public est en osmose dès le départ dans ce bon vieux Baltard. Win Butler et sa troupe virtuose n’ont rien laissé au hasard : mariachis à l’entrée en guise de comité d’accueil, puis atelier maquillage et déguisement pour ceux venus dans le plus simple appareil. On croise de tout ce soir et surtout une faune délirante, bien amicale et chauffée à blanc. La playlist d’avant concert est choisie pour mettre dans l’ambiance, les lignes de basses bondissent, le disco des Clash résonne déjà à bloc.
20h30, Win Butler et Régine Chassagne apparaissent à l’étage, parmi les pèlerins et entonne une version quasi a capella de « My Body Is A Cage ». Déjà piqué au vif, le public regarde le groupe descendre sur scène, se mettre en place et attendre que le rideau s’écrase au sol. Que la fête démarre…
Le cérémonial poly-ethnique est désormais lancé tambour battant au son des harmonies démentielles de la dizaine de musiciens. Le quatrième album du groupe est majoritairement représenté dans la setlist. « We Exist », « Joan Of Arc » ou « Afterlife » font vibrer les verrières tandis que « Neighborhood #3 (Power Out) » déchaîne les foules. La reprise des Clash « I’M So Bored With The U.S.A. » enfonce le clou avant que « Here Comes The Night » ne donne la fièvre du vendredi soir. Quelques secondes de break laissent place au hit « Reflektor », apothéose indéniable du dernier opus, avec le spectre de Bowie qui semble planer au dessus de la scène avant de terminer sur l’inévitable « Wake Up », parfait pour conclure dans l’hystérie collective. Même les basses surreprésentées ne gâcheront pas la grande fête d’un groupe qui triomphe dans toutes ses entreprises.
The Reflektors se retirent, les DJ’s reprennent place. Les décibels ne baissent pas et la fête continue… Win Butler en profite pour un bain de foule régénérant avant de prendre la route des grandes salles et festivals l’an prochain pour un set complet.
Ce soir, perchés entre le royaume des vivants et des morts, The Reflektors à Baltard est devenu l’un de ces moments privilégiés que l’on racontera à nos gosses et à leurs gosses. C’est dire…
Jean Jean
Setlist :
Retrouvez la setlist du concert.