Courtney Barnett - Tell Me How You Really Feel (2018)
Pistes :
01. Hopefulessness
02. City Looks Pretty
03. Charity
04. Need A Little Time
05. Nameless, Faceless 03:14
06. I'm Not Your Mother, I'm Not Your Bitch
07. Crippling Self-Doubt And A General Lack Of Confidence
08. Help Your Self
09. Walkin' On Eggshells
10. Sunday Roast
Musiciens :
Courtney Barnett (guitare, chant) - Bones Sloane (basse) - Dave Mudie (batterie) - Dan Luscombe (guitare, claviers)
Chronique :
Autant commencer par défoncer des portes grandes ouvertes. Courtney Barnett, derrière son petit minois, son look désuet, ses yeux bleus carnassiers, ses textes sarcastiques, son premier album au titre irrésistible (Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit) et son amas de chansons imparables, Courtney avait claqué le beignet à pas mal de rock critics. Le public a suivi et la jeune australienne s’est taillée sa belle petite réputation à coup de Fender Jaguar grognasse, folk, rock, limite bruitiste. En power trio, elle a tourné, elle a séduit, encore. Deux ans après son premier album, elle trouve musicalement chaussure à son pied. Avec Kurt Vile, son alter ego masculin, ils bazardent à l’ancienne un formidable Lotta Sea Lice.
Dans son Australie prolifique, Courtney s’est remise au boulot pour enregistrer en quelques jours, à deux pas de chez elle ce Tell Me How You Really Feel avec la même équipe que pour le premier. Bonne nouvelle, elle a su garder cette fraîcheur innocente doublée d’une nonchalance insolente. Toujours tourmentée, parfois désenchantée, elle égrène simplement cette enfilade de chansons rock héritée du siècle dernier. Le rock à guitare nineties plane ici allègrement et, comme par hasard, Kim et Kelley Deal des Breaders chantent ici... La mécanique roule comme une Mustang 1966, ça sent un peu l’échappement, ça ronronne et parfois ça claque un peu (« I’m Not Your Mother, I’m Not Your Bitch »). Mais l’efficacité ne fait pas tout. Il faut du cachet, des chansons qui s’imposent sur la durée. Si « Hopefulesness » pose une ambiance délétère façon Pavement qui aurait bouffé le Crazy Horse, si « Need a Little Time » joue les ballades joliment désabusées et si « City Looks Pretty » et « Charity » avoinent gentiment… la suite s’étiole comme un fond de Jack Daniels sous le cagnard.
Facialement, la pluie de gimmicks bien foutus s’abat toujours sur ce deuxième essai mais cette collection de chansons évanescentes souffre notamment d’une évidente comparaison avec son disque fondateur. Et restons sérieux, qu’en restera-t-il dans quelques années ? Sauf votre respect, M’dame.
Note Rocklegends : 3 /5
Jean