Miossec - Finistériens (2009)
Pistes :1. Seul ce que j'ai perdu
2. Les joggers du dimanche
3. Les chiens de paille
4. A Montparnasse
5. CDD
6. Nos plus belles années
7. Jésus au PMU
8. Haïs-moi
9. Fermer la maison
10. Loin de la foule
11. Une fortune de mer
Musiciens :
Christophe Miossec (chant) - Yann Tiersen (piano, claviers, basse, batterie, guitare, Â…)
Critique :
Un album de Finistériens réalisé par deux Brestois. Deux artistes aux dons complémentaires. Miossec avec l'une des plus belles et plus fines plumes de l'hexagone, Tiersen avec des compositions hétéroclites et un sens de l'instrumentation incroyable. A force de se croiser au large du Conquet, sur l'île d'Ouessant, ils ont fini par conjuguer leurs talents. Cet album que Miossec pensait réaliser sur son île fétiche a en fait vu le jour à Paris, dans le studio de Tiersen. Et pourtant, l'album sent indéniablement les côtes Finistériennes, belles, déchirées, poétiques, violentes et apaisantesÂ… avec un brin de grisaille.
Car, mise à part l'excellente « Montparnasse », aussi finement écrite qu'entraînante, le reste du disque sent les soirées d'hiver. Calme et poignant. Dès le départ, sur « Seul Ce Que J'Ai Perdu », Miossec frappe un grand coup en plein coeur. Références littéraires maniées avec précaution, son style revient dans la tronche comme un boomerang. Ca tue d'entrée. Avec toujours une précision diabolique, Miossec évoque le monde avec une pointe de cynisme (« Les Joggers Du Dimanche »), de compassion (« Jesus Au PMU »), d'indignation (« Chiens de Paille ») ou de nostalgie (« Une Fortune De Mer »). Assagi depuis bien longtemps mais pas lisse, Miossec chante de manière poignante d'une voix grave, fragile et bien posée. L'esprit punk n'y est plus mais le Brestois ne mâche toujours pas ses mots. Tiersen compose ou co-compose les morceaux et assure tous les instruments. Du magique à l'atmosphérique, sur des tempos lents, Tiersen invite au voyage, comme toujours. Les mélodies touchent parfois au sublime (« Seul Ce Que J'ai Perdu », « Loin De La Foule », « Fermer La Maison ») avec des arrangements aussi beaux que discrets.
Mais la clé, c'est que Miossec et Tiersen donnent au final un véritable style où la complémentarité se mêle avec naturel et synergie. Comme s'ils étaient devenus un être unique l'espace d'un instant mystique. Miossec repousse les collaborations et les limites sur chaque nouvel album et seul un léger manque de rythme pourra parfois être reproché à ce Finistériens. Mais c'est bien peu.
Note Rocklegends : 4 /5
Jean Jean