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Pearl Jam, Miles Kane, Skip The Use, ... - Main Square FestivalImage (2012)

Crédit photo :

© Pascal Bonnière

Date et lieu :


Main Square Festival, Arras - 30 juin 2012

Commentaires :

La conclusion était déjà toute tracée avant même le début du festival. Cette année, l'affluence allait clairement baisser. En cause ? Un marché moins fourni, des têtes d'affiche bien plus rares et des grosses pointures qui s'offrent le Stade de France plutôt que les festivals (ce soir les Red Hot Chili Peppers y ont élu domicile). Exit les Linkin Park, Arcade Fire et autre Coldplay qui, l'an dernier, attiraient une foule monstre. Dernière raison, des redites assez voyantes dans la programmation (Kasabian et Shaka Ponk présent l'an dernier, Pearl Jam, Skip The Use, Florence + The Machine en 2010 !). Résultat : 100 000 pèlerins en 2011 contre 75 000 environ cette année. Mais en grattant bien, le samedi vaut son pesant de cacahuètes avec du rock plein les fouilles et un vrai retour aux fondamentaux, genre guitare - basse - batterie !

Ce samedi, le public est venu en nombre, 28 000 environ, pour Pearl Jam. Vedder and Co racolent loin car la foule est autant peuplée d’italiens, espagnols, mexicains, anglais ou hollandais que de français. La journée commence tôt et plutôt décontractée avec la Moustache de Martin Pin-Pin, entre chanson française et rock groovy. Des paroles un poil décalées mais un vrai style à la guitare et enfin le retour de la wah wah !

Premier scandale, Skip The Use passe à 15h. Nom d'un coq à la bière, c'est quoi ce bordel ? Heureusement, pas bégueules, les lillois grimpent avec une envie de remuer la terre battue, Matt Bastard en tête. En un an, Skip The Use a pris du grade et devient naturellement un bon client pour les festivaliers. Mais leur show maintient le cap, un furieux mélange de funk, rock, punk, soul jeté dans le shaker avec un peu de ragga et hip hop et boom, l'explosion. Durant une bonne heure sous le ciel bleu (pour le moment), un nuage de poussière se lève sous les bonds gigantesques de l'auditoire. Inutile d'énumérer la pléiade de morceaux taillés pour faire frémir et gondoler les milliers de festivaliers présents comme des piliers de comptoirs à l'heure du goûter. Donc, comprenez que tout y passe sans relâche de « Give Me Your Life » à « Ghost » en passant par le punk Pistolien de « Wanna Be A Star ». Il est 16h... on est tous cuits comme des marathoniens.

La Green Room est un endroit vraiment agréable où la détente prime. Herbe verte sous les pieds, petit lieu cosy entouré de bars. Le moment de prendre une bière... coupée à l'eau. Enfin à la pluie pour être précis. Revolver monte un bon quart d'heure en retard à cause des pleurs du ciel. Heureux d'être bel et bien là, les jeunes chantres français de la pop anglaise (vous suivez ?) y vont de leurs mélodies rondouillardes et de leurs harmonies vocales. A vrai dire, ça sonne plutôt bien mais vraiment ennuyeux. Décevant même, car malgré un deuxième album plutôt réussi, le set manque cruellement de magie et de profondeur. Comme quoi, la scène c'est un autre don.

Deuxième scandale, Miles Kane et les Kooks sont programmés en même temps. Rageant. Au final, direction Miles Kane qui m'avait laissé le cul par terre lors de son passage à l'Olympia avec les Arctic Monkeys. Une indéniable classe à l'anglaise, ce jeune dandy impétueux manie aussi bien le sens mélodique pop que l'électricité rock. Pas aidé par la pluie au départ et un parterre clairsemé, il livre un set électrisant appuyé notamment par un jeune batteur post-pubère digne des plus grands. Comme toujours, au milieu de son répertoire dantesque il reprend « The Responsible » de Dutronc qui sonne définitivement mieux en anglais. Ce mec, à lui seul, maîtrise l'espace scénique avec un incommensurable plaisir et un vrai style. Un putain de vrai style. Là on est bien tintin, les yeux rivés sur le bonhomme qui balance du « Rearrange » en veux-tu en voilà, du « Kingcrawler » sans parler de son excellent « First Of My Kind » et de son diabolique « Inhaler » qui donne envie de tout casser vers la fin. Ca, c'est bon !
 
Vite fait, pour ne pas passer pour des goujats, on laisse traîner une oreille distraite sur Florence et sa Machine. Beau succès auprès du public avec le soleil de retour. On s'arrête là... De toute façon, la foule est compacte comme un métro parisien un lundi matin. Les places valent chères pour voir Pearl Jam ce soir. Les fans sont là, les vrais de vrais, pas ceux en toc. Ce qui hurlent plus forts qu'Eddie Vedder et qui n'oublient jamais une parole (tant pis pour nous), ceux qui sont encore plus heureux que le jour de leur mariage, ceux qui vendraient Maman pour une seule clope fumée avec Eddie. Alors, lorsque le groupe monte sur scène, la grand-messe démarre. Bouteille de Bordeaux à la main, Vedder est définitivement un artiste de grande classe, non seulement par son talent mais aussi par sa générosité. On sent vraiment ce respect immense du public, cette envie de partage. Le groupe joue une setlist assez différente tous les soirs comme pour conjurer le sort et éviter l’ennui. Deux heures de concert sans artifice ni poudre aux yeux, que du rock bébé ! Avec une si longue carrière, Pearl Jam peut se permettre de piocher dans son immense répertoire pour former une sorte de best of avec « Betterman », « Evenflow », « Corduroy » ou « Jeremy » sans oublier leur dernier album en date bien représenté par « The Fixer », « Unthought Known » et « Just Breathe ». Le groupe éblouit par un vrai grand concert notamment illuminé par la prestation vocale de Vedder mais aussi par les soli ahurissants de Mike McCReady, certainement l’un des guitar hero les plus mésestimés. Belle soirée sur le Main Square qui s’en tire là avec l’un des plus beaux concerts de cette édition.
 
Retour au bercail après une belle journée, un Main Square moins bondé et surtout un son bien mieux ajusté que l’an dernier. Et ça, ce n’est pas du détail.

Jean Jean

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