Placebo - Meds (2006)
Pistes:1. Meds
2. Infra-Red
3. Drag
4. Space Monkey
5. Follow The Cops Back Home
6. Post Blue
7. Because I Want You
8. Blind
9. Pierrot The Clown
10. Broken Promise
11. One Of A Kind
12. In The Cold Light Of Morning
13. Song To Say Goodbye
Musiciens:
Brian Molko (chant, guitare, clavier) - Stefan Olsdal (basse) - Steve Hewitt (batterie)
Critique:
C'est entendu et on ne le remettra pas en cause après les avoir un temps adorés : en recyclant très habilement Cure ou Bowie, multipliés par des riffs assassins parfois dignes de Nirvana, le trio de Placebo a commis certaines des meilleures chansons du rock anglais des années 1990, inventant un style à lui, surtout grâce à la présence d'un androgyne et troublant chanteur au timbre unique, Brian Molko. Les albums Placebo, Black Market Music ou Without you I'm nothing (leur chef d'oeuvre ?) étaient ainsi constellés de tueries, même Sleeping with Ghosts avait été recommandé ici pour certaines fulgurances hélas passagères. Placebo fut ainsi l'inspirateur, à l'aube du 21e siècle, aussi bien des albums plus laborieux des tâcherons de Muse, que de la renaissance improbable du guignolesque Indochine, ou même la caution rock donnée à l'émission du puant Ardisson par la présence répétée à TLMEP de son grand pote Brian. Au titre de ses anciennes performances live, jadis très convaincantes (avant qu'ils soient 5 sur scène), on a même pu dire que Placebo était LE renouveau du rock-à-trois. On a personnellement adoré Teenage Angst, chialé dans sa bière en écoutant Without You I'm Nothing, éructé sur You don't care about us et pogoté sur Days before you came, frissonné sur Protect Me, alors que les néo-fans adolescents ne viennent pas nous chercher des noises, okay ?
Parce que depuis le temps qu'ils enregistrent le même album, avec sa production grandiloquente, ses accords volontairement décalés qui donnent ce son vaguement nauséux (qui charmait jadis), les miaulements répétés de Brian qu'on aime (comme moi) ou qu'on déteste, Placebo finit au fond par tourner furieusement en rond et nous les hacher menu, menu ! Les duos qu'on aimerait inspirés ne le sont que partiellement : l'apport de la pourtant torride VV des Kills tombe à plat, tandis que Broken Promise avec Michael Stipe de Reflex Eye Movement pourrait être la meilleure, car la moins placeboïde, de l'album Meds. Par ailleurs, même la chanson Space Monkeys, présentée comme un chef d'oeuvre par divers journaux pourtant réputés 'inckoruptibles', flirte avec du Marylin Manson sans en retrouver la perversité ni la hargne, et en devient donc insignifiante, voire naze.
Enfin, ayant déjà entendu Song to say Goodbye (il est vrai très plaisante car placeboïssime, à défaut d'être originale) sur Europe 2 - on ne peut pas boycotter la FM quand on prend la voiture des autres - je présente les respects de Concertandco à Placebo : ayant définitivement renoncé à l'originalité et à l'inspiration, ils sont mûrs pour entrer dans le Top 50 et les sonneries de portables... et n'ont plus besoin de nous.
Philippe pour Concert & Co.