Midnight Oil - Red Sails In The Sunset (1984)
Pistes:
1. When The General Talks
2. Best Of Both Worlds
3. Sleep
4. Minutes To Midnight
5. Jimmy Sharman's Boxers
6. Bakerman
7. Who Can Stand In The Way
8. Kosciusko
9. Helps Me Helps You
10. Harrisburg
11. Bells And Horns In The Back Of Beyond
12. Shipyards Of New Zealand
Musiciens :
Peter Garrett (chant) - Peter Gifford (basse) - Rob Hirst (batterie) - Jim Moginie (guitare, claviers) - Martin Rotsey (guitare) ...
Critique:
En 1984, la carrière de Midnight Oil est déjà bien entamée, et cela fait alors bientôt dix ans que les Australiens nous font partager leur musique. Leur cinquième album studio, Red Sails In The Sunset est une fois encore un petit chef d'oeuvre d'ingéniosité et de savoir faire. Derrière une pochette illustrée par un artiste japonais représentant la ville de Sydney après une destruction nucléaire, les Oils nous proposent douze nouveaux titres, tous plus enflammés et cinglants les uns que les autres.
Red Sails In The Sunset se révèle être un album formidablement bien construit et structure, à la fois dense et réussie, avec très peu d'erreurs ou de maladresses, sinon aucune. Le métallique et vivace « When The Generals Talk » ouvre le bal, avec ses invectives et ses exhortations dramatiques : « When the generals talk/You better listen to him/When the generals talk/You better do what he say ».
« Best Of Both Worlds », le titre suivant, se propose d'unir le passé au présent, afin de bâtir un avenir meilleur pour le bien de tous. Il suffit de tendre la main, de dépasser les différences de toutes sortes, et de se battre sans jamais reculer. Ce n'est qu'à ce prix que l'avenir se construit. « Best Of Both Worlds » se pose ainsi en quelque sorte comme la suite directe de « Short Memory » sur l'album précédent, qui nous incitait à ne pas oublier les affres et les erreurs du passé.
Avec « Sleep » et « Minutes To Midnight », les Oils nous invitent à parcourir la nuit et les minutes qui nous séparent de tous les lendemains, le tout sur des mélodies enlevées, traversées de part en part par la batterie de Rob Hirst. Ces deux titres forment une belle suite musicale, qui finalement ne sont qu'une introduction au morceau suivant, pièce maîtresse du disque, et sans doute l'un des meilleurs morceaux des Oils, toutes périodes confondues, à savoir le splendide « Jimmy Sharman's Boxers », qui narre l'histoire d'une troupe de boxe itinérante comme il en existait des masses en Australie au XIXème puis au XXème siècle en Australie. Peter Garrett et les siens s'attardent sur les douleurs, tant physiques que psychologies de ces hommes dont le métier est de se battre, bien malgré eux pour simplement survivre : « Their days are darker than your nights/But they won't be the first to fall/Children broken from their dreams/But they won't be the first to fall/Fighting in the spotlight/Eyes turn blacker than their skin/For Jimmy Sharman's boxers/It's no better if you win/Standing in the darkness/Lined up waiting for the bell/the days are wasted drinking/At the first and last hotel/Why are we fighting for this ?/Why are you paying for this?/You pay to see me fall like shrapnel/To the floor/What is the reason for this?/There is a reason for this?/What is the reason they keep coming back for more?» Long morceau de plus de sept minutes, Jimmy Sharman's Boxers renoue avec la veine progressive du groupe, comme c'était déjà le cas sur les deux précédents opus.
Après le court et sympathique « Bakerman », morceau instrumental folklorique, Midnight Oil enfonce encore le clou avec de nouvelles chansons, quasiment exemptes du moindre défaut, comme « Kosciusko », titre anti-guerre avec pour toile de fond le Mont Kosciusko, plus haut sommet de l'Australie, qui culmine à 2228 mètres d'altitude ; ou encore avec l'entraînant et optimiste « Helps Me Helps You ».
Les trois derniers morceaux de l'album sont en quelque sorte des invitations au voyage à travers l'Océanie, de manière à la fois grave et enlevée, comme sur « Harrisburg » ou « Shipyards » ou « New Zealand », tandis que « Bells And Horns In The Back Of Beyond » est un titre semi-instrumental qui nous plonge au coeur des racines de l'Australie, de sa faune et de sa flore. Bref, un véritable petit bijou, comme l'album dans son intégralité d'ailleurs.
Red Sails In The Sunset, le cinquième album studio de Midnight Oil ne confirme plus rien, 10,9,8,7,6,5,4,3,2,1, leur précédent opus avait déjà confirmé toutes les attentes qu'on pouvait placer dans le quintette australien. Dire que Midnight Oil est un groupe majeur sur la scène rock est un euphémisme. Chaque nouvel album des Oils est une réussite proche de la perfection, perfection qu'ils atteindront d'ailleurs avec l'album suivant, chef d'oeuvre absolu, et manifeste en faveur de la cause et du peuple aborigènes.
Red Sails In The Sunset est un coup de maître : mais honnêtement nous n'en attendions pas moins de Midnight Oil.
Mon avis : un indispensable de Midnight Oil, qui permet également de découvrir le groupe australien juste avant qu'il n'accède au succès et à la renommée internationales avec Diesel And Dust en 1987.
Ma note: 17/20.
Vincent FUHRER
Rockin The Free World