Naast - Antichambre (2007)

Pistes :

1. Mauvais Garçon
2. Va-Et-Vient
3. Point Aveugle
4. Tu Te Trompes
5. DerrièRe Cette Porte
6. Coeur De Glace
7. La Fille Que J'Aime
8. Complications
9. Sublimation
10. Je Te Cherche


Musiciens :

Gustave Naast (chant, guitare) - Nicolas Naast (batterie) - Clod Naast (claviers) - Laka Naast (guitare)

Critique :

Ca faisait longtemps qu'un jeune groupe n'avait pas autant bousculé l'univers rock en France... Un fossé s'est déjà creusé entre les détracteurs ultra intégristes des Naast, et les défenseurs « jusqu'auboutistes » dont font partie Manoeuvre et Rock & Folk. Mais qu'ont bien pu faire ces gosses de 18 piges pour agiter le bâton à ce point? Une couv' et 10 (!) pages dans le Rock & Folk de janvier 2007, pour la parution d'un tout premier album... ce n'est quand même pas rien! A l'inverse, le groupe semble tellement haït à travers les blogs et autres forums du net qu'ils en deviennent plus que mystiques! N'est-ce pas aussi ici la base du rock n' roll: la controverse?

Postulat de départ, on s'en tape que le père du chanteur soit un ancien rock critics (de Rock & Folk notamment... mais si peu), et aussi qu'ils soient issus d'un milieu plutôt aisé, qu'ils aient de belles gueules (tout est relatif)... Ca n'a jamais rien eu à voir avec de la musique ça! Quitte à les juger rapidement, faisons-le, subjectivement d'accord, mais sur leur musique!

La première écoute est déstabilisante... On n'a pas l'habitude d'entendre ça en France, de la part d'un groupe de rock. On connaît depuis des années la résurgence des influences 70's à travers le monde, mais ici, on nage en pleine brit pop garage des années 60. Ces mecs auraient pu jouer à Londres, il y a 40 ans, sans faire tâche dans le paysage. Dès le premier titre, le single « Mauvais Garçon », qui passe assez massivement sur les ondes (et propulsé par le Mouv', pas toujours une référence...), ça résonne garage rock, avec du son vintage authentique, certainement joué sur des instruments vintages authentiques. La basse est jouée au claviers, l'orgue est hurlant et omniprésent, la guitare est assez grasse, et la voix criarde a de la réverb' et paraît légèrement saturée. En plus de la musique, ces 4 garçons (pleins d'avenir?) ressemblent un peu à des vieux mods de l'époque des Kinks, ou du début des Who: cheuveux assez courts, petites vestes cintrées avec chemise blanche, jean's resserrés aux chevilles et pompes de ville... façon nouvelle bourgeoisie? Et dire que ces mecs ont découvert le rock il y a quelques années à peine, et que les voilà devenus des traumatisés des 60's. En tout cas ça envoie! Parfois un peu trop, du coup on a l'impression que plusieurs morceaux se ressemblent beaucoup. Mais d'autres sont aussi jouissifs qu'expéditifs, comme « Coeur De Glace », l'apogée de l'album (avec son piano électrique), ou le très Libertines « Sublimation », mais en moins glamour et lyrique. De plus, et ce qui ne gâche rien, les 4 musiciens sont assez talentueux, notamment le batteur remarquable techniquement, et le guitariste qui s'en sort très bien, tant dans sa rythmique énergique que dans les quelques solis furieux. Les paroles collent également au style, et sont loin d'être plus mauvaises que celles de leurs aînées qui passaient peut-être mieux dans la langue de Shakespear, c'est tout. Au final, ces 4 potes de Joinville-Le-Pont, nouvellement émergés de la « scène rock parisienne », arrive à émouvoir, à choquer, à faire hurler de dégoût, à passionner, à énerver... bienvenu dans le monde complexe et extrême du rock n' roll.

Note Rocklegends: 3½ /5

Jean Jean