The Black Keys - Turn Blue (2014)
Pistes :
1. Weight of Love
2. In Time
3. Turn Blue
4. Fever
5. Year in Review
6. Bullet in the Brain
7. It's Up to You Now
8. Waiting on Words
9. 10 Lovers
10. In Our Prime
11. Gotta Get Away
Musiciens :
Dan Auerbach (guitare, chant) – Patrick Carney (batterie)
Critique :
Qu’on se le tienne pour dit, le duo blues-rock minimaliste un peu péquenot sur les bords n’est plus. Depuis Brothers - excellent au demeurant - Auerbach et Carney ont mué en véritables machines à remplir stades et salles démesurés. C’est l’une des grandes forces du binôme de l’Ohio : avoir su opérer la mutation salutaire avant de sombrer dans l’inéluctable tourbillon de lassitude. Les White Stripes n’ont pas survécu, Les Kills végètent et les autres… quels autres ? Les Black Keys, eux, sont vivants. Vivants et prolifiques.
Changement de décor, donc. Les acteurs sont les mêmes, l’immense Danger Mouse à la baguette pour la troisième fois, mais Patrick et Dan dressent en fond de cour une tenture psychédélique d’une rare convenance. Une nouvelle fois, le binôme est entré en studio sans une ligne d’écriture, sans une partition ni même une ébauche mélodique. Forcés devant le destin à pondre suffisamment de matériel pour un nouvel album, les Black Keys éblouissent par tant de dextérité. Finalement, on a aimé tant de choses chez cette paire d’idéalistes : la spontanéité de The Big Come Up, le rock savamment binaire de l’imputrescible Rubber Factory ou la soul rugueuse de Brothers. Peut-être que The Camino est un poil surestimé, charge à chacun de juger mais si Turn Blue va déstabiliser, personne ne pourra lui enlever le maillage de ses ambiances, la richesse de ses tempos et la qualité de ses compos. Eux qui avaient l’habitude d’enregistrer rapidement leurs albums, semblent avoir peaufiné chaque morceau de celui-ci. Et à ceux qui trouveraient trop lisse « Fever », le premier single, qu’ils écoutent l’intro de « Weight Of Love » façon « Down By The River » de Neil YOung sans compter son solo cascade en final grandiose. Et ça, ce n’est que le premier morceau d’un album bigarré, cabossé et soigné.
Au final, on craignait après El Camino que le duo se vautre dans la luxure et l’opportunisme facile, contraint de surfer sur un succès pourtant séduisant. Mais non, Turn Blue est bon, très bon, meilleur. Adieu grand public ? Bonjour la consécration… Classe.
Note Rocklegends 4 /5.
Jean Jean