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Arthur H - Interview - 26.02.2015Image (2015)

Juste avant la première date de reprise de sa tournée française, Arthur H traînait son chapeau et ses petites histoires du côté du port brestois. Le temps était à la grisaille mais le soleil était bien dedans. Le temps d’enfiler son café, deux tablettes de chocolat noir en main, Arthur nous reçoit avec beaucoup de sympathie, de décontraction et d’implication dans sa loge pour un échange riche, frais, captivant et plein d’espoir.

Rocklegends : C’est culotté de commencer son album par une si grosse référence au Floyd. Plus globalement, est-ce que le titre Soleil Dedans et ses petits bonheurs est l’antithèse du Dark Side Of The Moon qui évoque quelques sujets glauques comme la mort, l’argent ou la folie ?

Arthur H : L’influence de Pink Floyd a vraiment été réelle sur ce disque, parce que j’ai travaillé avec des musiciens québécois mi-anglo mi-franco qui sont obsédés par les années 70 et 80 notamment Claude Lafontaine qui a une collection démente de vieux synthés. En ce moment au Canada ils explorent pas mal une espèce de relecture de toute sorte de groupes y compris les Pink Floyd. Ce n’était pas du tout ma vision de la chose au départ. Mais on avait très peu de temps pour faire le disque, on avait un son assez acoustique et surtout je voulais un son très large qui suggère beaucoup d’espace. Du coup on a joué très doucement et on a retrouvé une manière de jouer très instinctivement proche des années 70…

Rocklegends : Le fait de jouer live aussi, car je crois qu’une partie de l’album a été enregistré tous ensemble ?

Arthur H : Oui avec les chœurs et les synthés qu’il a rajouté, cela a donné une couleur relativement 70’s…

Rocklegends : Justement, tu parles de sons 70’s, ton album a été enregistré avec du matériel vintage, analogique et pourtant la production sonne extrêmement moderne, puissante et plus ronde que jamais. C’était un choix précis de ta part ?

Arthur H : C’est instinctif, on s’est dit qu’on allait vraiment faire confiance à notre instinct, avoir le culte de la spontanéité. C’est d’ailleurs la seule chose à faire aujourd’hui car les budgets ont tellement diminué que l’on ne peut plus faire des disques que comme ça.

Rocklegends : Le bonheur et l’amour et tout ce côté positif semblent obsessionnels dans tes textes. Ca fait partie de toi, de ton ADN ?

Arthur H : En fait, ce n’est pas vraiment une volonté positive ou positiviste mais c’est plutôt un désir de se concentrer sur la transformation plutôt que sur l’échec. Chaque situation est un perpétuel mouvement qui peut effectivement échouer momentanément et puis réussir après. On ne sait pas… pour moi ce qui compte, c’est le mouvement.

Rocklegends : Une nouvelle fois, Soleil Dedans parcourt des thèmes très bigarrés et hétérogènes. Tu te sens plutôt l’âme d’un poète, d’un conteur, d’un chroniqueur social, d'un auteur ?

Arthur H : Ce que j’aime dans la poésie, ce sont les images, une sorte de cinéma primitif. La poésie, c’est le cinéma du pauvre, c’est créer plein d’images avec presque rien, juste quelques mots. C’est créer une espèce de cinéma alternatif avec des sons, avec des mots, avec de la lumière et qui ne soit pas aussi figé et défini que le cinéma. J’ai toujours cette obsession du mouvement, de quelque chose qui vibre, qui est changeant, qui est un processus vivant mais quand-même qui regarde toujours de loin le cinéma…

Rocklegends : Le visuel, c’est toujours très important pour toi, je me souviens, sur la scène de Baba Love, il y avait un côté très cabaret, avec des grandes lampes… tu es assez théâtrale aussi, tu aimes jouer avec le public, dans l’humour, c’est quelque chose qu’il t’attire le théâtre ?

Arthur H : Non car le théâtre comme le cinéma, ce sont des arts fabuleux mais qui peuvent être très figés contrairement à la liberté de la musique. J’ai toujours eu le fantasme d’une espèce de cabaret rock futuriste. Cabaret dans le sens du contact direct avec le public, beaucoup d’improvisations, d’intimité. Rock, pour le côté moderne, chaotique et balancer beaucoup d’énergie, beaucoup plus que dans la chanson… Pour moi, le côté futuriste veut dire plus intemporel en fait, le côté positif de la musique, le côté hypnotique qu’on peut retrouver dans l’électro ou les musiques primitives, dans les musiques noires aussi. C’est essentiel pour moi, d’arriver à un groove répétitif qui va nous hypnotiser dans le bon sens du terme et nous mettre dans un état de réceptivité… Dans le cabaret j’entends donc tout ça (rires) ! C’est tout ce que je mets avec mes amis depuis des années dans la musique et après ça prend des formes différentes suivant les époques mais le but est constant.

Rocklegends : Oui, il y a d’ailleurs un côté surréaliste dans tes paroles et la manière dont tu traites les sujets…

Arthur H : Ouai bien-sûr. Je pense que, comme on vit dans une société ennuyeuse et que l’on peut potentiellement s’ennuyer nous-même avec nous-même (rires !), il faut parfois se mettre un peu de folie, se mettre le feu, scier nos propres barreaux. En fait, il faut s’amuser de notre situation et ne pas la prendre au tragique… Il y a plein d’aspects dans la vie, la vie est une prison, la vie est une danse mais la vie est aussi une blague. Pour moi un concert, c’est un moment où tout cela va s’exprimer et où tout va se libérer quoi…

Rocklegends : Tu dis souvent que Soleil Dedans parle des grands espaces, alors forcément ça respire le Canada et les Etats-Unis… était-ce impossible de ressentir ces grands espaces en France ?

Arthur H : C’est une histoire très ancienne, une histoire métaphysique, politique, historique… les européens ont fui dans un premier temps l’Europe pour créer un nouveau monde là-bas donc évidemment ça crée déjà une énergie différente. C’est assez mentale parce que justement, en faisant pas mal d’allers-retours, je me suis dit qu’en France on avait les mêmes grands espaces mais pas du tout la même sensation. En France, tu peux aussi prendre ta voiture et faire 300 bornes dans des paysages somptueux et désertiques mais notre cerveau n’est pas calibré pour jouir de ça. Particulièrement en ce moment, on a une sensation d’enfermement dans une espèce de monde bloqué où tout est figé. C’est à la fois vrai et faux, ce qui est sûr c’est que quand tu vas au Canada tu respires… moi je me détends physiquement. C’est vrai que je suis dans un état où je ne sais pas trop quoi faire. On essaye de se libérer seul mais on ne peut pas toujours lutter contre l’inertie de la société. C’est artistiquement très contaminant ce manque de perspectives. L’artistique est une espèce de fleur qui pousse sur le fumier donc il faut que le fumier soit créatif. Tu symbolises la créativité d’un pays qui s’invente et qui se rêve… Mais si le fumier est tout sec, tu ne peux rien inventer… Si t’es Jimi Hendrix en 1967, tu es porté par une révolution, tu auras la force et l’énergie d’inventer quelque chose de complètement neuf parce que le public va te comprendre. Tu auras une folie de prendre des risques insensés. Ce qui donne des choses magnifiques. C’est un vrai problème aujourd’hui, on ne parle pas du tout de qualité de création aujourd’hui dans tous les domaines essentiels de notre société : éducation, santé… On parle toujours de chiffres, de masses, de croissance. C’est bien de soutenir la culture mais pas n’importe comment. Pas filer de plus en plus d’argent au théâtre subventionné, c’est plutôt de créer des orchestres dans les écoles, de donner une éducation pour que les gens se prennent en main. Les artistes doivent prendre du recul avec la société pour apporter quelque chose d’un peu frais et d’un peu marrant pour les gens.

Rocklegends : Arthur, la tournée française recommence officiellement aujourd’hui, de mémoire tu avais choisi une formation plutôt rock pour Baba Love, quelle direction as-tu voulu donner à cette tournée ?

Arthur H : On a voulu théâtraliser encore plus avec de vraies surprises visuelles, toujours dans cette idée de cinéma primitif qui amène les gens dans un sentiment un peu merveilleux. Il y a toujours cette succession de gros sons avec quelque chose de très efficace, de très lourd, suivis par des moments très planants, très atmosphériques… souffler le chaud et le froid. Et puis des moments de légèreté, de comédie, de danse, de fête, un peu de tout ! Prendre les gens par la main et les emmener en voyage et un moment donné on lâche la main et on les perd. Plus personne ne sait où il est… C’est mon but (rires) !

Merci à Arthur pour son accueil, ses propos et pour le concert du soir… une véritable invitation au voyage.

Propos recueillis par Jean

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