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Iggy Pop - Post Pop DepressionImage (2016)

Pistes :

1. Break Into Your Heart
2. Gardenia
3. American Valhalla
4. In the Lobby
5. Sunday
6. Vulture
7. German Days
8. Chocolate Drops
9. Paraguay

Musiciens :

Iggy Pop (chant) – Josh Homme (guitare) – Dean Fertita (basse, claviers) – Matt Helders (batterie)

Chronique :

Définitivement, Iggy est autant iguane que caméléon. Notamment depuis la fin des années 90, Iggy a tout essayé. Le folk douteux d’Avenue B, le heavy metal poisseux de Beat’Em Up, un premier rapprochement Stoogien avec Skull Ring, le disque crooner pour élite francilienne (Preliminaires) jusqu’au disque de reprises (Après). Iggy s’est paumé au passage, diluant son mythe dans les chemins sinueux de la recherche identitaire. Et puis Bowie est mort cette année. L’iguane n’est plus suspendu à son bienfaiteur. La fin ?

Non, c’est oublier qu’Iggy a de la ressource. Beaucoup de ses contemporains sont partis tôt, plus tôt, il y a parfois bien longtemps. Il est le dernier des Stooges originels, il est le dernier du quatuor Reed-Pop-Bowie-Warhol, il est le dernier des grands punks. Immortel ? Peut-être pas mais il se faufile avec son allure reptilienne et il revient avec un nouvel exhausteur de rock : Josh Homme à la baguette (au manche et aux manettes surtout…). Iggy laisse planer le doute d’un dernier baroud d’honneur discographique avec ce Post Pop Depression. Du coup, il y a mis son cœur, ses textes et même ses foutues économies (l’album est autofinancé par Iggy et Josh).

Ni vu, ni connu, les deux gonzes ont bossé d’arrache pieds sur un album classouille, façon rock en costard mais torse poil en dessous. Non seulement Josh a du goût, du flegme et un amour vache pour les arrangements subtils mais il a ramené des copains dans le désert : Dean Fertita (de QOTSA et The Dead Weather) et Matt Helders le batteur prodige des Arctic Monkeys. L’empreinte de Josh est aussi palpable que celle de Bowie sur The Idiot et Lust For Life mais l’intelligence du grand roux, c’est de mettre cette patte au service d’Iggy. Ses riffs sont ciselés, un peu froids, stoner quelque part et bluesy partout. Les arrangements sont fins et parfaitement bien sentis. Et puis, le respect de la parole donné : Iggy ne voulait plus beugler mais être fier de ce (potentiel) dernier album studio, il peut se réjouir : le trio introductif tutoie la perfection avec le riff lancinant de « Break Into Your Heart », la basse corpulente de « Gardenia » et le rock asiatique de « American Valhalla » (« China Girl », quelqu’un ?). Plus surprenant, Iggy n’hésite pas à mêler sa voix de crooner aux chœurs de Josh, Matt et même des voix féminines (captivante « Sunday », somptueuse « Chocolate Drops »). Si l’Iguane ramène beaucoup de choses à l’âge et au vieillissement dans ce disque, il n’en garde pas moins son énergie dévastatrice qu’il crache impunément en conclusion : « For all your evil and poisonous intentions / Because I'm sick / And it's your fault / And I'm gonna go heal myself now / Yeah! ». La traversée du désert est bel et bien terminée.

Note Rocklegends 4 /5

Jean

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