Joe Satriani - Super Colossal (2006)
Pistes :1. Super Colossal
2. Just Like Lightnin'
3. It's So Good
4. Redshift Riders
5. Ten Words
6. A Cool New Way
7. One Robot'S Dream
8. The Meaning Of Love
9. Made Of Tears
10. Theme For A Strange World
11. Movin' On
12. A Love Eternal
13. Crowd Chant
Musiciens :
Joe Satriani (guitares, basses, claviers) - Jeff Campitelli (batterie, percussions) - Simon Phillips (batterie) - Â…
Critique :
Voici donc le 13 eme album de Joe Satriani, comportant 13 titres et faisant suite à son album « Live in San Francisco » qui aura permis de faire le point sur sa carrière solo bien remplie.
Notre héros de la six cordes était aux prises avec des problèmes d'inspiration, comme le trahissait ses derniers albums studios. Aussi, cette nouvelle galette était attendue.
« Super Colossal » le titre d'ouverture annonce le pire : un riff lourd échappé d'un groupe hard de troisième zone, indigne du maître. Heureusement, « Just Like Lightning » remet la pendule à l'heure : sur une rythmique rappelant ZZ Top, Joe place riffs et chorus avant de glisser un développement mélodique « satrianesque ». Excellent titre donc. Le troisième titre « It's So Good » me laisse mitigé : un thème très West Coast ou le toucher du guitariste ne sauve pas le morceau d'une certaine lourdeur notamment sur les ponts et breaks. Ensuite « Redshift Riders » apparaît, et là nous retrouvons immédiatement le style, la mélodie et un jeu de guitare digne de notre chauve talentueux. Le cinquième morceau « Ten Words » est intéressant à plus d'un titre: on le croirait échappé d'une B.O. de film. Ici, le jeu du guitariste se met légèrement en retrait, à la disposition de la trame mélodique simple mais superbe, rappelant que Satriani est l'un des rares guitar-heros à ne pas assommer son auditoire par de vaines démonstrations techniques et à faire preuve d'un réel talent de compositeur.
Déboule ensuite « A Cool New Way » typiquement de la veine de l'album « The Extremist » (un de ses meilleurs). Le titre est superbement interprété, la batterie est moins lourde, et Joe décoche des solos riches et techniques. « One Robot's Dream », le 7eme morceau, semble sortir tout droit des sessions de son album « Engines of Creation » ou il tentait une fusion techno hard rock, à l'instar de Jeff Beck. Pourtant, passé l'intro, le morceau ne décolle pas vraiment.
Ensuite, « The Meaning of Love » apparaît comme une mauvaise resucée de progressive molle, sans grand intérêt si ce n'est un travail remarquable sur le son de guitare. « Made of Tears » atténue un peu l'effet négatif que m'a laissé le morceau précédent. Pourtant, il donne une fâcheuse impression de déjà entendu dans l'oeuvre de Satriani. « Theme for a Strange World » suit, sans surprise, selon une formule bien établie: une bonne mélodie puis différents chorus du maître, sur une section rythmique pourtant très lourde, ce qui devient gênant et inquiétant. « Movin' On » fait figure de remplissage sur un riff très 70's, le tout joué sans âme par des musiciens amorphes.
« A Love Eternal », le slow de l'album, garde l'empreinte du guitariste mais souffre d'une prévisibilité agaçante. Enfin, en clôture de l'album, « Crowd Chant » est une pochade comme son titre l'indique dans laquelle les riffs du guitariste sont repris en choeur par le staff, évoquant irrésistiblement les grandes messes du hard des 70's. Un thème connu est d'ailleurs glissé dans ce titre comme un clin d'oeil, à vous de le trouver !
Depuis plusieurs années, le guitariste connaît des problèmes d'inspiration et donc d'évolution. En effet, sur cet album, on peut retenir 3 ou 4 morceaux dans lesquels Satriani mêle habilement mélodie, technique et progression intéressante de la composition.
A coté de cela, plusieurs titres nous rappellent la difficulté à se renouveler pour tout artiste. Joe se laisse aller à des compositions un peu trop faciles pour lui, et sujettes à des démonstrations techniques un peu vaines. De plus, la section rythmique ne décolle que très rarement, Joe assurant toutes les basses et claviers (certainement à tort), Jeff Campitelli et Simon Phillips se partageant la batterie sur l'album mais sans grand éclat cependant. Néanmoins, cet album reste recommandable pour qui ne connaît pas l'univers assez large de Satriani , le plus célèbre des guitaristes virtuoses en musique instrumentale hard et métal.
Pour les autres, cet album agréable mais surtout inégal ne cachera pas la crise que traverse Joe Satriani qui semble en surchauffe à tout vouloir maîtriser (composition, guitares, claviers, basses, production, enchaînement des albums, sessions du G3Â…).
Philippe dit Mastermind