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Arctic Monkeys, Nick Cave, Eels... - Rock Werchter - 08.07.2018Image (2018)

Crédit photo :

 

© Bert de Leenheer

 

Nick Cave, chamanique et survolté.

 

Date et lieu :

 

Rock Werchter, Werchter, Belgique – 08 juillet 2018

 

Live report :

 

Back in white. Après les joyeuses branlées de la veille, le retour sur site est forcément une bonne nouvelle. 14h, l’estomac dans les talons et le gosier sec comme un désert tunisien, on déniche avec une joie non dissimulée un coin apéro, hybridation de bar à bières et de planches charcot’-fromage. « Garçon, une Ginette ! »… 1h30 plus tard, les Ginette sont enfilées, on lève les voiles.

 

15h40, Kaleo monte sur scène. Son chanteur, Jökull Júlíusson (vas-y répète pour voir ?), gueule d’ange, physique de dieu grec et garde-robe de guerrier cherokee met du corps et du cœur à envoyer avec son groupe un blues-rock parfois tempéré de folk, plutôt puissant. Les islandais transcendent leur premier album classique mais agréable en envoyant du copeau avec une pêche d’enfer (« No Good », « Hot Blood »), temporisant sur leur single « Way Down We Go » avant la dernière injection d’anabolisant sur « Glass House ». On prend !

 

La première grosse baffe musicale et émotionnelle de la journée, façon poils au garde-à-vous et larme à l’œil, c’est pour Eels. D’entrée, ils reprennent « Out In The Street » des Who et une pure version de « Raspberry Beret » de Prince. Si tous les types déprimés sur cette terre avaient le même humour et la même verve que Mark E Everett, alors tous les psychiatres ressembleraient au Big Lebowski. Passons. Outre sa présentation originale du band au public (« Guys, meet Belgium !... Belgium, meet the guys ! ») et les anecdotes persos, cette heure magique sera émaillée de déclamations habiles et de chansons brillantes. Et définitivement, le gimmick mélodieux de « That Look You Give That Guy » annonce une ballade brillante de beauté et de simplicité. Car, non seulement, le répertoire de ce boulimique est dense et beau, mais il revisite avec son groupe de tueurs ses chansons pour les travestir en morceaux presque méconnaissables dont une superbe version mi-apocalyptique, mi-Beach Boysienne de « Novocaïne For The Soul ». D’ailleurs, en guise de conclusion, Everett and co entonnent « Love And Mercy » de Brian Wilson. Putain de concert.

 

Sur une autre scène, David Byrne a produit un spectacle a priori hallucinant… mais choisir c’est renoncer, non ? On apprendra à nos dépends que la curiosité est un vilain défaut. Car, qu’est ce qui nous attire à aller voir Noel Gallagher si ce n’est la curiosité ? Nom d’une baraque à frites, il fait quoi ce type ? Ramener sa face de tête à claque, chemise rose et poissons rouges brodés, pour jouer, sans âme, 50% d’Oasis (normal) et le reste de ses quelques albums potables… c’est à la limite du hold up. Il y a quelques titres corrects, mais l’ensemble est d’une fadeur intersidérale et chanté comme tonton Michel (le comptable) après la chasse du dimanche matin. Le final sur « All You Need Is Love » est aussi peu enthousiasmant que le reste. Quitte à manger de la tête à claque internationale, on aime autant le frangin… 

 

Il est 21h, la première tête d’affiche de la soirée s’apprête à prendre possession des lieux. Nick Cave. Dans le genre dépressif mélancolique à tendance neurasthénique, l’australien n’a d’égal que lui-même. Forcément, on est aussi curieux que sceptique. Mais Nick Cave a bien plus d’un tour dans sa manche. Accompagné des Bad Seeds, il va provoquer l’apocalypse totale sur le champ du Werchter. Oscillant entre joliesses obscures et déluges sonores, Nick et les Bad Seeds s’emparent d’une foule transcendée, qui boit et chante ses paroles dans une communion grandiose. Les Bad Seeds assaisonnent la foule à l’occasion, Warren Ellis explose les cordes de son archer tandis que Nick le chaman nous charme (poignante « Into My Arms ») et nous transcende (merveilleuse « Jubilee Street »). Souvent, il harangue et se mêle à la foule. Sur « The Weeping Song » à rallonge, il fait monter une jeune femme sur le devant avant d’embrigader une grosse vingtaine de personnes pour la fin du show sur « Stagger Lee » et « Push The Sky Away ». Le dernier tour de piste au rappel avec « Rings Of Saturn » et les Bad Seeds clôture un set dément.

 

La lumière s’éteint à nouveau sur la Main Stage. Monkeys scintille en fond, le décor rétro vintage avec des faux airs de cabaret géant est aussi sobre qu’élégant. Les Arctic Monkeys attaquent d’entrée sur « Four Stars Out Of Five », morceau de leur dernière progéniture. Alex Turner s’est véritablement métamorphosé au fil des années. De gosse prépubère au talent déjà certain mais d’une timidité presque maladive avec une voix si singulière, il est aujourd’hui un frontman bien plus assumé. Dandy autoparodié, il cabotine sans cesse, reléguant le jeu de Johnny Depp dans Pirate des Caraïbes au rang de « modéré ». Il joue, surjoue même, frisant parfois l’indigestion. Mais quel impact sur le groupe tant sa voix est bien mieux maîtrisée, mise à profit dans des variations admirables (« One Point Of Perspective »). Son jeu de guitare, en nuances et son lead assumé sur une bonne partie des riffs et solos, lui confèrent là-aussi une place encore plus spéciale. Dès qu’il entame « Do I Wanna Know », la déflagration est énorme, pire encore que « Seven Nation Army » la veille, vous voyez le tableau ?

 

Les Arctic Monkeys seraient-ils en passe de devenir Alex & The Monkeys ? Je ne sais pas mais, sans aucun doute possible, il s’agit du meilleur concert des Monkeys qu’il m’ait été donné de voir. Les chansons de Tranquility Base, Hotel & Casino apportent ce nuancier de couleurs, cette apesanteur charnelle (« Tranquility Base Hotel & Casino », « Star Treatment ») tout en cognant fort dans le buffet sur une fin dantesque, « I Bet You Look Good On The Dancefloor » et « R U Mine ». La claque est lourde et la joue écarlate. D’autant que le rappel convoque « Star Treatment », « Arabella » et la version ultime, chef d’œuvre de « 505 ». Grands sont les Monkeys.

 

Back to van, demain, plus de 10 heures de voyage… des étoiles qui dansent dans les yeux, des souvenirs qui galopent dans la tête.

 

Jean

 

Setlist :

 

Retrouvez la setlist de Eels ici.

Retrouvez la setlist de Nick Cave ici.

Retrouvez la setlist des Arctic Monkeys ici.

 

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